<91> du moins l'apparence de sauver une partie de leur monde, en tentant cette entreprise. Il faut certainement croire qu'ils n'ont connu ni la situation de Halbstadt, de Burkersdorf, du Ziegenrück, de Schandau, ni la disposition dans laquelle les Prussiens occupaient ces postes.

Le général de Lestwitz était posté avec 11 bataillons et 15 escadrons entre Schandau et un village que les gens du pays appellent la Wendische Fähre; ce fut vis-à-vis de lui que se campa le maréchal de Browne avec son détachement, en occupant le village de Mittelndorf et Altendorf. M. de Lestwitz était beaucoup plus fort que M. de Browne. La situation impraticable de ces rochers empêchait les Autrichiens de se porter sur Burkersdorf; pour réussir, il fallait attaquer un corps supérieur du double ou dénier à deux devant M. de Lestwitz.

Du côté de Halbstadt, où les Saxons avaient résolu le passage, il y a une petite plaine ; le Lilienstein, montagne escarpée, se trouve au centre, des deux côtés de ce rocher, en forme de croissant, 5 bataillons de grenadiers gardaient un abattis impraticable, derrière eux, à 500 pas. deux brigades d'infanterie occupaient le défilé de Burkersdorf, soutenus par 5 escadrons de dragons, et au delà de ce défilé se trouve le Ziegenrück, qui est un rocher de 60 pieds de haut, escarpé comme une muraille, et qui fait en demi-cercle l'enceinte de ces postes difficiles, tenant à l'Elbe par les deux extrémités.

C'était cependant dans cet endroit si mal situé que, dès le 11, les Saxons commencèrent à faire leur pont. Nos officiers, bien loin d'y porter des empêchements, le leur laissèrent faire. La descente de Thürmsdorf vers l'Elbe se trouve encore assez praticable, mais, le pont fait, ils trouvèrent la plus grande difficulté à monter le rocher, où un seul sentier les conduisait à Halbstasdtel. Ce fut le 12 au soir (mils se mirent en marche; deux bataillons de grenadiers gagnèrent avec grande peine l'autre bord; le 13, les pluies, qui étaient continuelles, achevèrent d'abîmer ce chemin, ils ne purent retirer leur canon de leurs retranchements, ils l'abandonnèrent. Ce jour leur cavalerie, leur bagage et leur arrière-garde, tout se trouva pêle-mêle, les uns étant arrêtés par les autres. La difficulté du passage empêchant les troupes de marcher, la tête ne filait qu'un à un, tandis que le corps de bataille et l'arrièregarde demeuraient immobiles sur la même place.

Le 13, de grand matin, le prince Maurice d'Anhalt fut averti le premier de la retraite des Saxons. Nos troupes marchèrent incontinent sur sept colonnes, elles gravirent avec grande peine ces rochers, où cependant personne ne leur faisait résistance. Dès qu'elles furent sur la hauteur, elles se formèrent. Les hussards attaquèrent aussitôt 4 escadrons saxons, qui faisaient leur arrière-garde; ils les poussèrent jusqu'à leur infanterie auprès de Thürmsdorf; nos compagnies franches de chasseurs se logèrent dans un bois qui se trouvait à côté de ces troupes, et les incommodèrent par leur feu; en même temps, le prince Maurice ht avancer le régiment de Prusse infanterie sur une hauteur, qui se