8473. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A DRESDE.
Dresde, 25 décembre 1756.
Monsieur. En songeant mûrement aux méchantes nouvelles que le chevalier Williams nous a données en dernier lieu,165-4 touchant la mauvaise disposition de la cour de Pétersbourg à notre égard, il m'est venu la pensée que, pour savoir exactement où j'en suis avec la jeune cour, et ce que j'en aurai à attendre, il pourrait me convenir que ledit chevalier, se croyant être, comme il fait, dans la confidence de celle-ci, tacherait de tirer une promesse de la Grande-Duchesse qu'à l'évènement de la mort de l'Impératrice régnante, et quand le Grand-[Duc] succèdera au trône, je pourrais compter sûrement que la Russie ne se déclarerait pas ni n'agirait hostilement contre moi, à moins que je [ne] me mêlerais des affaires du Holstein et du Sleswig.
<166>D'ailleurs, je crois convenir que vous demandiez au chevalier Williams que, pourvu qu'il n'y aurait plus rien de bon à faire avec l'Impératrice régnante pour empêcher la marche de ses troupes, il tâchât au moins de savoir exactement, afin de nous en avertir, à quel temps et par quelle route ces troupes marcheraient, et quels étaient les lieux de leur destination, si cela serait vers la Prusse ou vers la Silésie ou ailleurs, afin que j'en saurais prendre mes mesures là-dessus.
En attendant, comme l'argent des Autrichiens a opéré si merveilleusement à ladite cour pour le moment présent, je pense qu'il ne faudrait pas qu'il quittât entièrement le parti pour cela, mais qu'il attendît un peu jusqu'à ce que cet argent fût pour la plupart dissipé, ce qui ne tardera guère, et qu'il revînt après cela à la charge, où je ne doute pas que les largesses n'opèrent avec le même succès que l'argent d'Autriche.
Au reste, j'ai bien voulu vous avertir, Monsieur, que, voulant attendre l'arrivée de votre courrier de Londres avec la réponse que je me flatte d'avoir du Roi votre maître sur plusieurs pièces que je lui ai fait passer par vous,166-1 je suspendrai en attendant de lui écrire, de sorte qu'il dépendra de vous de faire partir le courrier que vous voulez dépêcher présentement. Et, sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.
165-4 Vergl. Nr. 8472.
166-1 Vergl. Nr. 8352. 8354.