8582. A LA PRINCESSE GOUVERNANTE DES PROVINCES-UNIES$ A LA HAYE.
Die Prinzessin von Oranien schreibt, Haag 31. Januar:
„Monsieur. La situation la plus embarrassante et critique où l'on puisse se trouver, ne m'arrête point, quand il s'agit de servir ma patrie, et je crois dans cet instant ne pouvoir mieux la servir qu'en avertissant Votre Majesté d'un fait qui entre Ses mains pourra décider peut-être du sort de l'Europe. Le mémoire que je Lui envoie, est d'une authenticité au dessus de tous doutes, et il est de la dernière importance pour moi qu'aucun mortel ne sache que Votre Majesté en a été informé; j'écris même cette lettre sans connaissance d'aucun des ministres de la République, de sorte que je La supplie même de ne pas faire mention de cette démarche à Son ministre ici, ni à Gronsfeld. Heureuse si mon zèle peut servir dans cette occasion à prouver à Votre Majesté la considération et le respect avec lequel je suis, Monsieur, de Votre Majesté la très humble et très obéissante sœur, cousine et servante
Anne.“
„Mémoire.
On a dépêché le 7 janvier un exprès au maréchal Apraxin qui porte à ce général un rescrit de Sa Majesté Impériale, portant qu'ayant promis depuis si longtemps à ses alliés un secours puissant et prompt et ayant fait avancer ses troupes, malgré la rigueur de la saison et les mauvais chemins, elle considère qu'il est de sa gloire de n'en point rester là, d'autant plus que toute l'Europe a les yeux fixés sur elle et que le roi de Prusse paraît la mépriser de plus en plus et la brave en retirant ses troupes des frontières de la Prusse.
Sa Majesté Impériale ordonne à M. Apraxin de commencer au plus tôt les opérations de guerre contre la Prusse, quel que puisse être l'état des affaires à l'armée.
Que, quand même les succès ne répondraient pas à l'attente dans les commencements, elle prenait sur elle tous les revers, qu'elle n'en rendrait point responsable M. Apraxin et l'en déchargeait dès à présent.
<245>On croit positivement à Pétersbourg le 8 que dans trois semaines de là le maréchal russien se mettrait en marche. Il paraît que le dessein était de pénétrer avec les principales forces en Prusse, par la Lithuanie sur Kowno ou Kejdany.
Il est bien apparent que, s'il y a un engagement entre les troupes des deux puissances, ce sera pour les Russes un second tome de la bataille de Narva.
Leur armée forte à peu près de 80,000 hommes est dans un triste état; le désordre y règne dans le plus haut degré; il manquait, il n'y a pas longtemps, 500 hommes à chaque régiment.
On en a tiré 30,000 hommes des meilleures troupes, pour en former le corps de réserve que Pierre Schuwalow assemble en Moscovie, qui y doit toujours rester entièrement à ses ordres et sous sa dépendance, sans qu'on sache à quelle fin ou pour quel but.
On considère cette armée comme un nouveau corps de Strélïtz.
Les troupes irrégulières ne sont pas encore prêtes; il n'y a que 800 hommes qui le sont, et les dragons n'ont point de chevaux.“
Dresde, 5 février 1757.
Madame. La nature m'a donné une âme sensible et un cœur reconnaissant; avec ces dispositions, Votre Altesse Royale peut-Elle douter de l'effet qu'a produit sur moi la lettre qu'Elle a eu la bonté de m'écrire? Oui, Madame, je vous voue un attachement pour la vie, et je ne trouverai de jour heureux que celui où je pourrai vous donner des marques de ma parfaite reconnaissance; que Votre Altesse Royale compte sur moi comme sur un ami qu'Elle s'est attaché, et qui regarde de tous les vices l'ingratitude pour le plus énorme! Je ferai usage des lumières que vous daignez me communiquer, selon l'intention généreuse que vous avez, Madame; ne craignez point que, par une indiscrétion coupable, je revèle ce que vous voulez qu'il soit caché. Mais, malgré mon silence, le souvenir d'un procédé aussi noble et aussi généreux que le vôtre, ne s'effacera de ma mémoire qu'au moment que je cesserai de vivre. Ce sont les sentiments avec lesquels je fais gloire d'être, Madame, de Votre Altesse Royale le fidèle frère et cousin
Federic.
Das Schreiben des Königs nach dem von Ranke gegebenen Abdruck in: Abhandlungen der Königl. Akademie der Wissenschaften in Berlin, Jahrgang 1868. Philolog.-histor. Klasse, Abtheil. II, S. 81. (Berlin 1869.) 245-1 Der dortige Druck nach der eigenhändigen Ausfertigung im Königl. Hausarchiv im Haag.
245-1 Wiederholt in: Sämmtl. Werke“, Bd. XXIV, S. 217.