8602. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HAESELER A COPENHAGUE.
Dresde, 11 février 1757.
J'ai reçu les rapports que vous m'avez faits du 30 janvier et du 1er de ce mois, et ne doute pas que la dépêche que je vous ai faite à l'ordinaire dernier,263-1 ne vous soit heureusement parvenue, par laquelle vous aurez vu que le sieur Titley doit maintenant avoir reçu ses instructions pour entrer en négociation avec la cour de Danemark sur un traité de subside. J'espère de vous avoir mis à même par là de pouvoir juger avec fondement si le sieur Titley chemine droit ou si, par les insinuations du sieur Wedell, l'on branle au manche.
Car je ne veux point vous laisser ignorer, quoique pour votre seule direction et avec défense sur votre honneur d'en dire mot à âme qui vive, que je suis informé de très bon lieu263-2 que les ministres d'Hanovre, ayant été fort alarmés de la situation périlleuse où ils se croient être, ont osé d'insinuer au roi d'Angleterre que, si l'on pouvait mettre l'électorat à couvert par le canal de la cour de Vienne, ce serait une démarche de prudence dans les circonstances présentes, vu le grand nombre d'ennemis que j'avais à combattre, et le peu de secours qu'on avait à espérer de ma part, après la perte totale de la Russie pour l'Angleterre et la résolution qu'elle avait prise d'accéder au traité de Versailles263-3 et de secourir les cours de Vienne et de Dresde. Cependant, je sais aussi par le même canal que ces insinuations n'ont fait aucune impression sur l'esprit du Roi leur maître et moins encore sur celui du ministère anglais. J'ai appris d'ailleurs que ces insinuations ont été suggérées par les Autrichiens à la régence d'Hanovre, qui les ont fait aussi soutenir à Londres par le comte Colloredo, au point que celui-ci a eu la hardiesse d'en parler au lord Holdernesse, en se plaignant même de ses procédés envers la cour de Vienne, et qu'il était l'auteur des propos que l'on avait débités sur son chapitre, et entre autres qu'il avait été le premier à divulguer que l'Impératrice-Reine n'avait voulu entrer dans la querelle que l'Angleterre avait avec la France, qu'à condition qu'on l'aidât à m'attaquer. Mais que le susdit milord avait répondu au ministre autrichien avec beaucoup de fermeté et de dignité et de façon à le convaincre que de pareils reproches et des<264> ruses de cette espèce ne feraient jamais impression sur l'esprit du ministère britannique et n'altèreraient en rien la résolution où il était d'aller en avant avec moi et de faire repentir par là le comte Kaunitz de ses procédés ingrats envers l'Angleterre, et combien peu celle-ci était disposée de vouloir donner dans les pièges qu'il voulait lui tendre.
Voilà des anecdotes que je vous confie seul pour vous diriger à présent à éclairer d'autant mieux les démarches que feront les sieurs Titley et Wedell, et à pénétrer la résolution que la cour de Danemark prendra, tout comme les menées du comte Dietrichstein,264-1 qui apparemment tâchera de faire à peu près les mêmes insinuations que le comte Colloredo a faites à -Londres.
Au reste, le ministère anglais a instruit celui d'Hanovre des sommes d'argent que le Parlement doit donner au roi d'Angleterre, pour former et faire agir en Allemagne une armée pour le soutien de notre cause commune, et du renvoi prochain du reste des troupes d'Hanovre et des Hessois.264-2
Federic.
Nach dem Concept.
263-1 Nr. 8585.
263-2 Mittheilungen des Grafen Holdernesse an Michell. Nach dem Berichte Michell's, d. d. London 25. Januar. Vergl. Nr. 8603. Vergl. auch Nr. 8591.
263-3 Vergl. S. 164. 241. 253.
264-1 Vergl. S. 187.
264-2 Vergl. S. 254.