8627. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN A NEISSE.
Dresde, 18 février 1757.
J'ai reçu votre lettre, mon cher Maréchal, avec bien du plaisir. Je vois que tout est tranquille chez vous, ce qui est très bon, pour que nous ayons le temps de finir tous nos arrangements.
Pour de ce côté-ci, je ne puis rien dire de nouveau, quant aux projets des ennemis. Je suis honteux de vous donner si souvent des nouvelles contradictoires, mais les variations des cours de Vienne et de Versailles en sont la cause. Les Français ne viennent point en Bohême, ils se contentent de payer un subside à la reine de Hongrie, ils n'agiront que sur le Rhin avec 90 bataillons et 70 escadrons, ce qui, selon mon évaluation et le pied complet, ferait une armée de 57,000 hommes.
<287>On a voulu porter le roi d'Angleterre d'accepter la neutralité pour Hanovre et de donner passage à l'armée française pour pénétrer jusques dans le Magdebourg, ce qui a été rondement refusé.287-1 Les Hanovriens et Hessois vont incessamment repasser dans le continent pour s'assembler auprès de Lippstadt, où la garnison de Wésel287-2 pourrait les joindre, selon les conjonctures.287-3
Le Maréchal287-4 a quitté le service ou doit le quitter incessamment, il est dégoûté. Kolowrat aura une armée à commander, c'est un dévot et d'ailleurs un plat général. A Vienne il y a autant de mésintelligence entre les ministres qu'il y en a dans l'armée; tout cela est bon et pourra nous donner de grandes facilités dans nos entreprises.
L'Empire revient de son égarement, beaucoup de princes retirent leurs vota, de sorte que l'Empereur est fort mécontent.
Du côté de la Prusse, tout est tranquille, et, malgré les intrigues de mes ennemis, je ne crois pas qu'Apraxin remuera avant le mois de mai : chi ha tempo, ha vita.
Voilà le tableau présent de l'Europe; quant à l'avenir, c'est à nous d'agir et de forcer les conjonctures à nous devenir favorables.
Je n'aurai fini ici mes arrangements qu'à la moitié du mois prochain, et je ne ferai cantonner les troupes que lorsque l'ennemi fera des mouvements pour se mettre ensemble. Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse de tout mon cœur.
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
287-1 Vergl. Nr. 8620.
287-2 Vergl. Nr. 8588.
287-3 Vergl. S. 276.
287-4 Feldmarschall Browne. Vergl. Nr. 8626.