8639. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Dresde, 21 février 1757.
J'ai bien reçu les rapports que vous m'avez faits du 5 et du 8 de ce mois, et ne veux point vous laisser ignorer que les soupçons que vous avez eus d'un chipotage de la cour de Vienne avec l'Hanovre, n'ont pas été tout-à-fait sans fondement,296-1 et que la cour de Vienne a effectivement offert une convention de neutralité pour l'électorat d'Hanovre, quoique sous des conditions si trompeuses et captieuses que le ministère anglais a d'abord senti les incongruités, et que le roi d'Angleterre et son conseil l'ont rejetée rondement.
Je veux, d'ailleurs, bien vous informer pour votre direction que la cour de Vienne a pris d'autres biais encore pour endormir et amuser l'Angleterre, en lui faisant faire des propositions indirectement,296-2 pour entamer une négociation d'accommodement sous la médiation ou les bons offices de l'Espagne, à condition cependant que l'Angleterre permettrait, selon les propres termes du ministre autrichien, que je fusse écrasé, et que même ce ministre n'a pas hésité de déclarer — ce que je vous confie cependant sous le sceau du dernier secret — que, pourvu que l'Angleterre voudrait rester dans l'inaction jusqu'à ce que la cour de Vienne se serait débarrassée de moi, comme de son plus redoutable ennemi, ensuite l'Impératrice retournerait à son ancienne alliance et travaillerait à abaisser la France, pour la mettre dans de justes bornes, pour que ni l'Angleterre ni l'électorat d'Hanovre n'en auraient plus à craindre.
Mais aussi suis-je bien aise de vous dire que le roi d'Angleterre et son conseil, sentant toute la méchanceté de ces offres trompeuses, les ont généreusement refusées et déclaré avec fermeté que Sa Majesté n'écouterait jamais aucuns termes d'accommodement lesquels ne comprenaient point ses alliés, et qu'Elle était déterminée de maintenir, de la manière la plus exacte, les engagements qu'Elle avait contractés avec moi, tout comme Elle a déclaré d'ailleurs [qu'Elle] ne se laisserait point amuser par des prétextes spécieux ou ralentir ses efforts par des vues trompeuses. Voilà ce qui doit vous servir de direction pour observer à présent de quelle manière le sieur Titley se conduise.296-3
<297>Au reste, ayant vu des lettres de Pétersbourg du 5 de ce mois,297-1 en conséquence desquelles, après une conférence du ministère de Russie avec le comte Esterhazy,297-2 l'ordre a été donné à l'amirauté de Russie d'équiper tous les vaisseaux de guerre et galères, afin de pouvoir sortir, dès que les eaux seront dégagées des glaces, vous approfondirez si la cour de Danemark verrait d'un œil tranquille et reposé une telle démarche de la part de la Russie.
Federic.
Nach dem Concept.
296-1 Vergl. S. 279.
296-2 Das Folgende nach dem Schreiben Mitchell's, d. d. Braunschweig 17. Februar. Vergl. Nr. 8634.
296-3 Vergl. S. 263. 264.
297-1 Bericht Swart's an die Generalstaaten, d. d. Petersburg 5. Februar.
297-2 In der Vorlage und ebenso in Nr. 8640 fälschlich: Sinzendorff. Dagegen Esterhazy in dem intercipirten Berichte und auch in Nr. 8641 S. 299.