8793. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A DRESDE.
Lockwitz, 29 mars 1757.
Monsieur. Sur la lettre que vous venez de me faire du 27 de ce mois, je vous dirai que j'accorderai avec plaisir aux troupes hessoises436-2 le logement franc dans mes villes de la principauté de Minden et dans le Ravensberg, comme Minden, Bielefeld, Herford et autres villesmoins considérables, comme Petershagen, Schlüsselburg et d'autres encore. J'entends cependant avec cela que ces troupes ne demandent rien au delà du logement franc, et que, pour tout le reste, elles vivent pour leur argent en payant comptant. D'ailleurs, comme mes six bataillons de la garnison de Wesel436-3 avec leur train d'artillerie et leurs équipages seront à présent entrés à Lippstadt et aux environs, et qu'ils ne sauront s'y maintenir contre un ennemi supérieur qui les pressait, sans être soutenus, il faut bien me réserver que, dans ce cas-là et pour ne point les exposer, les quartiers dans les susdites villes leur soient évacués d'abord et incessamment, pour s'y aller loger eux-mêmes. Voilà en conséquence de quoi j'ai donné mes ordres à mon président de la chambre de guerre de Massow,436-4 afin de prendre les concerts nécessaires avec Messieurs les ministres d'Hanovre.
En finissant, je ne dois point vous dissimuler, Monsieur, que, selon un rapport que mes ministres des affaires étrangères viennent de me faire,436-5 je ne dois presque plus douter que le ministère d'Hanovre ne préfère adopter cette neutralité artificieuse que les cours de Vienne et de Versailles leur ont offerte, plutôt que de songer aux vrais intérêts de l'Angleterre et de ses alliés. Je n'hésite point de vous communiquer in extenso le rapport que mes ministres m'en ont fait, afin que vous en jugiez vous-même. Il n'y a encore que la fermeté du Roi votre maître et de son ministère anglais qui me fait espérer qu'on ne donnera pas les mains à une chose si contraire à la gloire de Sa Majesté Britannique et aux véritables intérêts, et dont, au bout du compte, les États du Roi en Allemagne ne profiteront que le bénéfice de Polyphème, c'est-à-dire d'être mangés les derniers.
<437>Je connais trop votre façon de penser juste et raisonnable, pour ne pas m'attendre que vous n'emploieriez pas tous vos soins et peines auprès de votre cour, pour ne pas permettre qu'une chose si préjudiciable à sa dignité et à ses intérêts puisse prendre lieu, et que le ministère d'Hanovre, par les illusions d'une neutralité momentanée, ne perde pas les moments précieux pour se mettre en un bon état de défense, ni ne néglige plus les moyens de se préserver contre le malheur de se livrer eux-mêmes, mains et pieds liés, à la discrétion d'un ennemi irréconciliable. Et, sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.
436-2 Vergl. S. 287.
436-3 Vergl. S. .407.
436-4 Erlass an Massow, d. d. Lockwitz 29. März.
436-5 Vergl. Nr. 8792.