9039. AU SECRÉTAIRE MICHELE A LONDRES.
Camp de Prague, 3 juin 1757.
La dépêche que vous m'avez faite du 17 du mois passé,1 m'a été rendue. Quoique la nouvelle que vous m'avez donnée du message du Roi au Parlement pour y demander un vote de crédit, afin de le mettre plus à son aise de pousser les opérations sur le continent, m'ait fait plaisir, je suis cependant extrêmement fâché que cette malheureuse désunion2 continue, eu sorte que la nouvelle administration n'est pas fixée encore, nonobstant le grand tort que ces brigues et cabales font à la gloire et aux intérêts principalement du royaume, tout comme à ses alliés. Tous mes vceux sont ainsi que cette malheureuse division cesse à la fin, et qu'une bonne administration soit incessamment établie, afin que le ministère anglais pense et s'arrange sérieusement et au plus tôt mieux sur l'escadre à envoyer dans la Baltique, si souvent à moi promise,3 mais jusqu'ici éludée à mon grand préjudice, comme vous aurez vu par ce que mes ministres vous auront appris de la sortie des vaisseaux et des galères russiennes dans la Baltique.4 Enfin, vous n'oublierez rien pour presser le ministère à l'égard de l'accomplissement de leur promesse, quand il sera le temps encore de le faire avec effet et succès.
J'ai été bien aise d'apprendre que le Roi ait permis à ses ministres de produire au Parlement les propositions insultantes de neutralité qu'on lui a faites pour l'électorat d'Hanovre.5 Vous devez savoir que les cours de Vienne et de Versailles n'ont pas encore tout-à-fait perdu le dessein de séparer moi d'avec l'Angleterre, et je veux bien vous dire pour votre direction que le sieur de Folard a glissé dans un entretien qu'il a eu avec ma sœur de Baireuth,6 comme quoi l'intention de la France n'était nullement de m'accabler par la guerre, qu'elle ne souhaitait que de voir la paix rétablie,7 et que je n'avais qu'à faire des propositions à ce sujet. Sur quoi, la Margrave lui a déclaré nettement que, comme elle connaissait ma façon de penser là-dessus, elle se garderait bien de me faire ouverture de ses propos, et que ce serait au grand jamais que je ferais des propositions, et qu'on ne dût jamais s'attendre que je me séparerais de mes alliés. On en voit assez clairement combien l'on sent encore de l'envie de me séparer de l'Angleterre ou pour inspirer au moins des soupçons et de la méfiance entre nous; mais toutes fois que l'occasion s'offrira que vous en saurez parler aux ministres anglais, vous leur donnerez les assurances les plus fortes
1 In der Vorlage: „de ce mois.“
2 Die Streitigkeiten nach der Entlassung Pitt's im April 1757. Vgl. S. 83. 84. 93—95; Bd. XIV, 502.
3 Vgl. S. 90. 95; Bd.„XIII, 609; Bd. XIV, 550.
4 Ministerialerlass an Michell, d. d. Berlin 31. Mai.
5 Vergl. S. 35, 83; Bd. XIV, 550. 551.
6 Das bezügliche Schreiben der Markgräfin fehlt; möglicherweise sind die Nachrichten durch den Hofmarschall von Treskow (vergl. Nr. 9037) mündlich überbracht worden.
7 Vergl. S. 102.