<159> ce corps envoyé de ce côté-là retournera en partie à Prague, et d'ici partira une armée pour s'opposer à tous ceux qui se disent mes ennemis.
Selon mes dernières nouvelles, la ville de Prague ne peut tenir encore que trois semaines; nous leur avons brûlé pour six semaines de farine et de grains.
Voilà, ma chère sœur, ce qui m'embarrasse à présent. Je vous supplie de ménager votre précieuse santé et d'être persuadée de la sincère tendresse avec laquelle je suis à jamais, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
9085. AU ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE A LONDRES.
Camp de Prague, 10 Juin 1757.
Monsieur mon Frère. J'ai reçu la lettre de Votre Majesté avec la plus grande satisfaction, j'espère que M. Grant aura rendu la mienne1 à Votre Majesté avec le détail de l'action du 6.
Depuis ce temps nous avons étroitement enfermé les Autrichiens dans Prague, dont les débris de l'armée montent à 30,000 combattants et à 10,000 blessés et malades. En même temps qu'on les a resserrés de tous les côtés, le prince de Bevern a été détaché avec 20 bataillons et 90 escadrons, avec lesquels il a poussé le maréchal Daun, qui était à Bcehmisch-Brod, premièrement à Kolin, ensuite à Czaslau et à présent à Teutsch-Brod.2 J'envoie encore 10 bataillons et 20 escadrons de renfort au prince de Bevern; comme ces troupes viennent de Silésie,3 elles ne pourront le joindre que vers le 20. Alors ce Prince poussera les Autrichiens sur les frontières de l'Autriche et leur enlèvera les deux magasins qui leur restent encore : de Teutsch-Brod et d'Iglau.4 Leopold Daun n'est fort jusqu'à présent que de 33,000 hommes. Il a déjà abandonné trois magasins en se retirant,5 ainsi il y a apparence qu'il en fera de même pour ceux qui lui restent.
Cette expédition terminée, le prince de Bevern se rabattra sur Prague avec une partie de ses troupes, ce qui me mettra à portée de faire un détachement de 30,000 hommes en Allemagne. La garnison de Prague n'a que pour trois semaines de vivres; si nous la prenons, avant que le prince de Bevern ait achevé son expédition, ce n'en sera que mieux, et le détachement partira plus tôt. Votre Majesté peut être très persuadée que je vois avec beaucoup de chagrin mes possessions du Rhin entre les mains et à la merci des Français, et que, s'il y avait moyen, il y aurait longtemps que j'aurais tâché de les délivrer de cette oppression; mais si je prends l'armée de Prague, comme il y a toute
1 Nr. 8908.
2 Vergl. Nr. 8988. 9073.
3 Vergl. S. 146. 156.
4 Vergl. S. 153.
5 Vergl. S. 79.