8918. A LA PRINCESSE GOUVERNANTE DES PROVINCES-UNIES A LA HAYE.
Camp de Prague, 9 mai 1757.1
Si vous ne daigniez2 pas vous intéresser à ce qui regarde la cause de la liberté de l'Allemagne,3 je craindrais de vous importuner en vous rendant compte, Madame, des avantages que nous venons d'avoir sur les ennemis.
Après avoir surpris les quartiers des Autrichiens, nous sommes marchés, le maréchal de Schwerin sur l'Elbe, après s'être joint avec le prince de Bevern, lequel avait battu un corps de 20,000 Autrichiens à Reichenberg. Le Maréchal leur a pris le magasin de Bunzlau et s'est avancé sur l'Elbe. Nous n'avons de notre côté point trouvé de résistance, nous avons pris les magasins de Budin, Schlan et Welwarn que l'ennemi nous a abandonnés; après quoi nous l'avons suivi jusqu'à Prague. M. de Browne passa la Moldau, sur quoi j'ai joint le maréchal de Schwerin avec un détachement de mon armée. Le même jour 6 de ce mois, nous avons attaqué l'ennemi, et nous avons été assez heureux que de le mettre en fuite. Les principaux généraux et environ 50,000 hommes sont dans Prague, où ils sont actuellement enfermés. Nous ne pouvons point faire de siège en forme, à cause de la nombreuse garnison; ils sont bloqués, et dès que la grosse artillerie arrivera, on tâchera par le moyen des bombes de brûler leurs magasins.
Voilà, Madame, un compte que je me suis cru obligé de vous rendre. Ce sera donc à présent la résistance de la ville de Prague, la force ou la faiblesse de ses magasins, qui décidera de notre sort et de celui de toute la campagne. Si d'une ou d'autre manière ce siège se termine entre ci et trois semaines, je serai en état de faire de gros détachements où le besoin le demandera;4 si en revanche d'autres ennemis me tombent sur les bras, avant que cette entreprise se trouve terminée, je me trouverai dans de nouveaux embarras et dans des situations très difficiles. Je vous écris la simple vérité, Madame, je vous la dois et, persuadé des bontés que vous avez pour moi, j'ose me flatter que vous dissimulerez mes embarras, pour ne faire paraître les choses que du côté avantageux.
Federic.
Nach dem von Ranke gegebenen Abdruck5 in: Abhandlungen der Königl. Akademie der Wissenschaften in Berlin, Jahrgang 1868. Philolog.-histor. Klasse, Abtheil. II, S. 88. (Berlin 1869.) Der dortige Druck nach der eigenhändigen Ausfertigung im Königl. Hausarchiv im Haag.
1 Das Schreiben ging am 14. Mai mit dem Erlass an Hellen ab (vergl. Nr. 8938).
2 Bei Ranke: „daignez“ .
3 Vergl. Bd. XIV, 244. 312. 364. 428.
4 Vergl. S. II. 12.
5 Wiederholt in: Sämmtl. Werke, Bd. XXIV, 219. 220.