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Tout ceci m'a forcé à quitter la Bohême et à me borner de maintenir les gorges de la Saxe. Je vous mande tout ceci, pour que vous soyez moins inquiète des nouvelles que l'on ne manquera pas de répandre, et que vous puissiez en quelque sorte juger de leur vérité. Je prends la liberté de vous avertir que vous ne pouvez recevoir de mes nouvelles qu'entre ci et dix jours.

Hélas! ma chère sœur, vos sentiments ne sont pas de ce siècle; ils auraient fait honneur à celui des Nisus et des Orestes. Vous faites tout mon bien, tout mon bonheur et toute ma consolation. Je suis avec la plus tendre amitié et la plus parfaite estime, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


9239. AU ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE A LONDRES.

En marche auprès de Pirna, 27 juillet 1757.

Monsieur mon Frère. Je suis extrêmement sensible à la part que Votre Majesté prend aux événements qui me sont arrivés. J'avais espéré de pouvoir Lui donner de meilleures nouvelles, mais je crois Lui devoir la vérité, et je Lui écris sans déguisement.

Après la levée du siège de Prague, je formais deux armées, dont celle que je commandais, était destinée pour agir contre toutes ces armées françaises et ces troupes de l'Empire dont on me menace; l'autre, commandée par mon frère, devait couvrir la Lusace et la Silésie. Je me trouvais avoir un magasin considérable à Leitmeritz qu'il fallait couvrir. Il est bon de dire une fois pour toutes que les villes bohémiennes sont presque toutes situées dans des fonds et commandées par des hauteurs et avec cela entourées de mauvaises murailles, tombées en ruines, ce qui oblige d'occuper ces hauteurs, et ce qui emploie beaucoup de troupes pour leur défense. Mon frère se trouvait à Bœhmisch-Leipa, d'où il couvrait la Lusace et Zittau, où se trouvait son magasin. Mon intention était de fourrager si bien ces deux rives de l'Elbe que l'ennemi n'aurait pas été en état de me suivre avec de gros corps, et d'occuper les gorges de la Saxe plus faciles à défendre avec peu de troupes, le moment que j'aurais été obligé à détacher.

Mais voici ce qui a dérangé ces mesures. M. de Daun a fait une marche à Niemes qui l'approchait d'un poste que mon frère avait à Gabel; mon frère aurait dû marcher incessamment pour soutenir ce poste important qui assurait sa marche vers Zittau et ses vivres: il resta dans son camp de Leipa, Gabel fut pris, et il se vit obligé de marcher par le mauvais passage de Rumburg pour gagner Zittau. Cette marche faite avec trop de lenteur a donné à l'ennemi le temps de gagner Zittau avant lui; il est arrivé aussi, mais les Autrichiens, maîtres d'une hauteur qui commandait la ville, l'ont bombardée et ré-