9326. AU MARÉCHAL DE FRANCE DUC DE RICHELIEU.1
Rœtha, 6 septembre 1757.
Je sais, Monsieur le Duc, qu'on ne vous a pas mis dans le poste où vous êtes, pour négocier; je suis cependant très persuadé que le neveu du grand cardinal de Richelieu est fait pour signer des traités, tout comme pour gagner des batailles. Je m'adresse à vous par un effet de l'estime que vous inspirez à ceux qui ne vous connaissent pas même particulièrement. Il s'agit d'une bagatelle, Monsieur, de faire la paix, si on le veut bien. J'ignore quelles sont vos instructions; mais, dans la supposition qu'assuré de la rapidité de vos progrès, le Roi votre maître vous aura mis en état de travailler à la pacification de l'Allemagne, je vous adresse M. d'Eickstedt, dans lequel vous pouvez prendre une confiance entière. Quoique les évènements de cette année ne devraient pas me faire espérer que votre cour conserve encore quelques dispositions favorables pour mes intérêts, je ne puis cependant me persuader qu'une liaison qui a duré seize années, n'ait pas laissé quelques traces dans les esprits; peut-être que je juge des autres par moi-même, quoi qu'il en soit, enfin je préfère de confier mes intérêts au Roi votre maître plutôt qu'à tout autre. Si vous n'avez, Monsieur, aucune instruction relative aux propositions que je vous fais, je vous prie d'en demander et de m'informer de leur teneur. Celui qui a mérité des statues à Gênes,2 celui qui a conquis l'Ile de Minorque,3 malgré des obstacles immenses, celui qui est sur le point de subjuguer la
1 Es findet sich für das Schreiben eine erste eigenhändige Redaction des Königs. Sie trägt von Eichel's Hand den Vermerk : „Ist nicht abgegangen, sondern stattdessen der andere von Sr. Königl. Majestät beliebet worden.“ Die erste Redaction lautet:
Rœtha, 6 août (sic!) 1757.
Monsieur. Quoique je ne vous connaisse pas personnellement, j'ai une si grande confiance dans votre mérite, qui n'est ignoré de personne, que je m'adresse à vous, Monsieur, pour un sujet très important. Il s'agit, Monsieur, de la paix; et quoique la France ne m'ait pas donné dans ces derniers temps des marques de prédilection, j'aime mieux confier mes intérêts dans ses mains que dans celles de puissances qui sont ennemies de la Prusse par état. C'est peut-être trop me flatter; mais j'ai lieu de croire qu'un reste de souvenir de nos anciennes liaisons ne sera pas tout-à-fait effacé chez ceux qui vous gouvernent, et que la confiance que je mets dans l'amitié du Roi votre maître, ne sera pas vaine. Je ne sais, Monsieur, quelles sont vos instructions. En supposant que vous êtes autorisé à négocier, je vous envoie Monsieur d'Eickstedt, auquel vous pouvez faire des ouvertures en toute sûreté; et au cas que vous n'ayez pas ce pouvoir, je me flatte que vous voudrez écrire en cour, pour y faire ces ouvertures de ma part. Il sera glorieux pour le neveu du cardinal de Richelieu, après avoir mérité des statues à Gênes, après avoir subjugué Minorque et réduit la Westphalie, d'être l'organe de la paix et de rendre le repos à l'Allemagne. Vous pouvez de ma part vous attendre, Monsieur, à une reconnaissance parfaite étant avec beaucoup d'estime votre affectionné Federic.
2 Der Herzog von Richelieu hatte 1747 und 1748 die Befreiung Genuas von der österreichischen Herrschaft vollendet; zum Danke war ihm von den Genuesen ein Reiterstandbild errichtet worden.
3 Vergl. Bd. XII, 285. 304. 320. 322; XIII. 112.