<347>

Finckenstein berichtet, Berlin 14. September: „Lorsque j'eus hier l'honneur de marquer à Votre Majesté mes appréhensions au sujet des mauvais desseins de la Suède, je ne croyais pas qu'ils viendraient à les réaliser si tôt; mais nous venons de recevoir par estafette la nouvelle que 400 Suédois se sont emparés hier de la ville d'Anclam, et qu'ils ont ainsi commencé les hostilités. Cette invasion, qui menace également là Poméranie et la Marche, me fera redoubler d'attention de ce côté-là, pour pouvoir remplir les ordres secrets de Votre Majesté,1 dès que le danger l'exigera, et je crains bien que je ne sois obligé d'en presser l'exécution. Par les avis qui nous sont venus de Lusace, nous fûmes avertis hier que différents partis autrichiens s'approchaient des frontières de Votre Majesté. Il nous a été marqué du depuis qu'un corps assez considérable sous les ordres du général Hadik, et que quelques-uns font monter jusqu'à 10,000 hommes, s'était rendu maître de Bautzen,2 et nous avons appris ce matin, par une lettre de l'officier qui commande à Peitz, que 500 hommes avaient pris possession de Cottbus . . . Votre Majesté peut compter que je ne précipiterai rien; mais si l'ennemi venait à se renforcer du côté de Cottbus jusqu'à quelques milliers d'hommes, je suppose que Son intention serait que nous nous rendions, sans différer, à Cüstrin.“

Erfurt, 16 septembre 1757.

Mon cher comte de Finckenstein. Vous pourrez vous représenter aisément combien les nouvelles que vous m'avez marquées par vos rapports du 13 et du 14 de ce mois, me doivent avoir été sensibles et affligeantes. Ce que vous proposez, touchant un accomodement à faire, n'a pas été oublié de moi. J'ai mis les fers au feu;3 mais je suis sans réponse encore, et en attendant l'ennemi me presse de tout côté avec ses forces supérieures. Il faut bien que j'abandonne à votre prudence et sagesse quand vous croirez le moment venu pour transporter la famille royale à Cüstrin. Néanmoins il me faut absolument encore au moins un [million d'écus] que vous retirerez de Cüstrin pour l'envoyer à Magdebourg, afin d'avoir de quoi payer mes troupes à raison de l'octobre et autres nécessaires de guerre, ce dont vous aurez soin, s'il est temps encore de le faire avec sûreté. Voilà tout ce que je puis vous dire aujourd'hui.

Je compte qu'on vous aura instruit de tout ce qui s'est passé ici. Si je n'avais que ces ennemis-là, je vous en tiendrais bon compte, mais, mais, sur ce sujet les mais ne finiraient jamais. Je ferai tout ce qu'on pourra humainement attendre d'un général d'armée, et s'il ne s'agit que de combattre, soyez persuadé que j'irai bon jeu bon argent; mais ces Jean-fesses m'évitent et viennent partout où je ne suis pas, enfin il faut voir si l'avenir ne me fournira pas quelque occasion de répandre mon sang pour la patrie.

Federic.

Nach der Ausfertigung. (Die Ergänzung nach dem Concept.) Der Zusatz eigenhändig, unchiffrirt.4



1 Vergl. S. 259. 270.312; Bd. XIV, S. 197—200.

2 Vergl. S. 343.

3 Vergl. S. 336.

4 Eichel fügt in Chifffern dem königlichen Erlass die Worte hinzu: „Je voudrais pour ma vie que Votre Excellence eût insisté au parti qu'Elle avait pris, il y a quelques semaines, de préférer Magdebourg à Cüstrin, pour y faire transporter le trésor avec le reste de choses précieuses. Il y a là une monnaie, le Roi est placé à portée à tout égard, au lieu que l'autre est écarté et sujet à bien des périls et des inconvénients. Eichel.“