<363>suadé que le duc de Belle-Isle n'avancerait rien qu'il ne pourrait soutenir, [que] le comte de Neuwied pourrait insinuer à ceux qu'il croirait propres pour faire parvenir ceci plus loin, que, préférant mon honneur à tout, je n'entendrais jamais à des conditions de paix flétrissantes, qu'il faudrait que tous mes alliés d'Allemagne y fussent compris, et qu'on s'expliquât ultérieurement; que, s'il pouvait tirer des Français une explication claire sur ces deux points importants, je pourrais envoyer quelqu'un.
Sur quoi, le comte de Neuwied me répondit le 4 d'août que, n'ayant pas dépendu de lui de passer lui-même à Versailles, pour des ménagements, il avait d'abord expédié un ami sûr et capable pour puiser à la source des notions décisives qu'il me communiquerait; à quelle fin il arrêterait mon courrier, pour faire passer par son moyen la réponse qu'il aurait. Ce qui me porta que je dépêchai le lieutenant-colonel de Balbi1 avec les instructions et les pleins pouvoirs nécessaires, avec ordre de passer à l'incognito auprès du comte de Neuwied, de s'ouvrir envers lui sur sa commission et, au cas que la France enverrait là secrètement quelqu'un muni de plein pouvoir, de traiter avec lui et de signer en cas de convenance les articles préliminaires de paix, lesquels, en conséquence de mes intentions, ne consisteraient qu'en quatre articles, savoir : rien sonner de céder de mes provinces, un armistice pour avoir le temps de s'accorder avec mes alliés, inclusion de mes alliés d'Allemagne, et renouveler l'alliance précédente avec la France.2
Cependant, il est arrivé que, pendant le temps que Balbi fut en chemin, le comte de Neuwied me renvoya mon courrier, apparemment avec sa réponse touchant les éclaircissements qu'il avait eus de la cour de France. Le courrier tomba, passant en Saxe, par un effet d'hasard, entre les mains des hussards, qui l'ont enlevé avec la lettre qu'il portait,3 dont j'ignore le contenu, aussi bien que si le sieur de Balbi, qui partit le 15 d'août de Dresde, est arrivé à sa destination, n'ayant point de nouvelles de lui depuis ce temps-là.
Après l'affaire malheureuse du maréchal de Lehwaldt4 et la nouvelle que j'eus de la trame des ministres d'Hanovre,5 j'ai pris la résolution d'écrire au duc de Richelieu.6 Je lui ai demandé des passe-ports. Je les ai reçus et lui ai dépêché le sieur d'Eickstedt,7 simplement pour lui porter ma lettre et pour apprendre sa réponse. Au surplus, ma lettre au duc de Richelieu ne comprend autre chose, sinon que je m'adressais à lui par un effet de l'estime qu'il inspirait à ceux qui ne le connaissaient pas même particulièrement; qu'il s'agissait de la paix, si on la voulait bien; que j'ignorais quelles étaient ses instructions, mais, dans la supposition que le Roi son maître, assuré de la rapidité de ses progrès, l'aura mis en état de travailler à la pacification de l'Allemagne, je lui
1 Vergl. S.300. 301.
2 Vergl. Nr. 9280.
3 Vergl. Nr. 9316. S. 327.
4 Vergl. S. 331. 332.
5 Vergl. S. 314. 316.
6 Vergl. Nr. 9326.
7 Vergl. S. 333—335. 355.