<87> exactement informés du grand échec que les Autrichiens ont souffert ici, de sorte que la plus grande partie de leur armée est délabrée et presque tout ce qu'ils avaient de magasins en Bohême, ou pris ou ruiné, ils n'auront pas trop d'envie de détacher ici.1
J'espère encore d'avoir bientôt fait avec la ville de Prague. Quand j'y réussirai, je me suis déterminé à envoyer alors un bon corps de mes troupes dans l'Empire, pour aller à la rencontre à ce que l'ennemi y voudra assembler de troupes, ne doutant pas que cela ne produise un bon effet pour ramener ceux qui, contre leurs propres intérêts, se sont laissé entraîner par la cour de Vienne à de fausses démarches.
Je m'en persuade d'autant plus, par [tout] ce qu'il vient de m'arriver avec l'électeur de Bavière, qui a pris ombrage d'une couple de mes bataillons qui venaient de ruiner entièrement les magasins considérables amassés par les Autrichiens dans la ville de Pilsen et ailleurs aux frontières du Haut-Palatinat,2 tant pour la subsistance de leur armée que pour celle des troupes auxiliaires encore qui leur devaient revenir en Bohême de ce côté-là. Ces bataillons étant entrés dans le Haut-Palatinat pour retourner aisément vers ici, l'électeur de Bavière se déclara d'abord pour la neutralité pendant la guerre présente et me dépêcha incessamment son colonel et chambellan baron de Montgelas, pour me donner les assurances les plus positives de non pas seulement vouloir embarrasser cette neutralité, mais de vouloir encore renoncer à tous engagements pris antérieurement en contraire et de n'envoyer point son contingent aux troupes que la cour de Vienne avait extorquées à la Diète, enfin qu'il observerait la neutralité la plus exacte. Je n'ai pas hésité d'accepter d'abord cet offre pour le bien de la cause commune, en demandant cependant de me le confirmer par quelque écrit authentique, ce que son chambellan m'a fait espérer en peu de jours.
Pour informer encore Votre Altesse de ce qui se passe ici, je Lui dirai que, la plus grande partie de l'armée autrichienne s'étant jetée en Prague, sans qu'elle en ait pu ressortir, j'ai employé le temps jusqu'à présent à faire investir cette ville de tout côté, en faisant fortifier mes postes, tout comme les collines qui dominent la ville, et qui m'ont procuré le moyen d'en approcher d'assez près, me trouvant dans quelques points de ma circonvallation à 500 pas de la ville. Comme je pense qu'il ne soit expédient d'ouvrir la tranchée devant une ville défendue d'une garnison qu'on évalue, selon mes nouvelles, à passé 35,000 hommes, je ne vois aucun autre moyen de ruiner leurs magasins [que] les bombes, afin de forcer par là la garnison à sortir malgré elle ou à se rendre, à quoi j'ai fait tout préparer. Ils sont sortis trois fois pour percer au travers de nous, et la dernière fois au nombre de 10,000 hommes, mais toujours sans succès et en laissant la dernière fois au delà de 1000 hommes sur la place. 3
1 Vergl. S. 79.
2 Vergl. 52. 77. 92.
3 Vergl. S. 76. 78.