8931. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH A WELESLAWIN.
[Au camp de Prague,] 12 [mai 1757].
Mon cher Maréchal. Il ne s'agit point ici d'assiéger une armée de 50,000 hommes, bien de brûler leurs magasins et d'inspirer de la terreur, plus qu'ils n'en ont, aux troupes assiégées. Je me contenterai de les bien enfermer, de les bloquer étroitement et de leur ôter toute espérance de pouvoir pénétrer par la force. Dès que notre grosse artillerie sera arrivée, nous les bombarderons de tous côtés, et comme je sais où ils ont leur farine et leurs fours, j'ai toute espérance d'y mettre le feu et de les réduire au désespoir, ce qui les obligera ou à tenter une sortie infructueuse ou à mettre les armes bas. De toute cette armée il ne reste que 3000 hommes ensemble, qui vont tâcher de se joindre à Leopold Daun, le reste est éparpillé et ne pourra plus se rejoindre. Tâchez de bien vous fortifier pour le présent, voilà tout.
Prince Bevern marche aujourd'hui à Planian, Daun s'est retiré avec ses 14,000 hommes à Kolin, le comte Kaunitz y est, et j'espère que le prince de Bevern les obligera de se retirer à Kuttenberg. A Prague ils n'ont tout au plus que pour trois semaines de vivres; mes mortiers et canons ne m'arriveront que vers le 20, et entre là et le 24 sûrement tout finira.
Quant à la Beraun,31-1 il y a un pont à la ville même, qui est vide, où l'on peut passer 500 hussards, 400 dragons et un bataillon suffisant pour chasser tout cela et pour disperser tous les fuyards. Jeanneret s'acquittera bien de cette commission, Seydlitz aussi. Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
<32>31-1 An der Beraun in der Gegend der Stadt Beraun zeigten sich, wie Keith am 12. Mai gemeldet, zahlreiche österreichische Marodeure.