9037. A LA MARGRAVE DE BAIREUTFf A BAIREUTH.
Au camp de Prague, 3 juin 1757.
Ma très chère Sœur. M. de Treskow m'a rendu la lettre que vous avez eu la bonté de m'écrire. Il a vu ici le camp et la position des ennemis. J'avais espéré de forcer ces gens par les bombes, en brûlant leurs magasins, mais ils ont trouvé le moyen de les fourrer du petit-côté à un endroit où nos bombes ne sauraient atteindre; ce qui fera traîner ceci un peu plus longtemps que cela ne paraissait du commencement. Cependant, avec de la persévérance on vient à bout de tout, et si nous trouvons le moyen de nous débarrasser tout-à-fait de Leopold Daun, cela n'en sera que mieux.
Quant aux troupes du cercle, j'espère que l'exemple de l'électeur de Bavière121-2 n'y fera pas de mal; chiha tempo, ha vita.121-3 Ne vous ennuyez donc pas, je vous en conjure, si nous sommes obligés de lanterner ici quelque temps: tout vient à point à qui peut attendre.
La chaleur avec laquelle la France embrasse les intérêts de la reine de Hongrie, provient du traité121-4 que ces deux puissances ont fait cet hiver. Le nouveau triumvirat m'a proscrit; Judas ne vendit le Christ que pour 30 sequins : le roi de France m'a vendu à la reine de Hongrie pour cinq villes de la Flandre, je vaux donc plus que le Sauveur. Voilà ma consolation, ma chère sœur, et, de plus, il faut mon consentement pour ce marché-là, que je ne suis d'humeur de leur accorder qu'à l'imitation du 6 de mai.
Je vous demande mille excuses si je ne vous en dis pas davantage, j'ai terriblement d'embarras sur mes épaules, et il faut que notre<122> besogne se fasse promptement. Je vous embrasse de tout mon cœur, vous priant de me croire avec la plus vive tendresse, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
121-2 Vergl. S. 77. 92.
121-3 Vgl. Bd. XIV, 287.
121-4 Vergl. S. 44. 45.