9109. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.175-1

Camp de Nimburg, 20 juin 1757.

Je ne vous fais cette lettre que pour vous informer des véritables circonstances de la journée du 18 de ce mois, où nous avons souffert un échec contre l'armée autrichienne sous les ordres du maréchal Leopold Daun.

Pour me mettre en état d'agir plus librement, je suis parti le 13 de ce mois du camp de Prague avec peu de bataillons et d'escadrons pour mon escorte, afin d'aller me joindre au corps d'armée sous les ordres du prince de Bevern, qui, de son camp de Neuhof, marcha sur Kolin pour venir me rencontrer à Bœhmisch-Brod ou Kaurzim. Je restais trois jours à Mallotitz pour me renforcer avec de petits corps qui étaient sous les ordres du prince Maurice175-2 et du général Treskow,175-3 et pour faire la jonction avec le corps du prince de Bevern.

Tout cela assemblé, je suis marché le 18 au maréchal Daun, qui, en attendant, fut allé camper de Maleschau dans les environs de Kolin, après s'être renforcé de tout ce qu'il y avait eu de troupes autrichiennes<176> dans la Moravie et au delà, et fait amener toute la grosse artillerie d'Olmütz; où, après l'avoir attaqué à deux heures après-midi et lui avoir emporté deux batteries et deux villages garnis d'infanterie, nous avons été repoussés à notre gauche et obligés de nous retirer à Nimburg.

Les suites de cette bataille ont été que je me suis vu obligé de lever le blocus de Prague.

Après huit batailles que nous avons gagnées consécutivement, voilà la première de perdue, et cela parceque l'ennemi avait trois postes, sur une montagne assez élevée, garnis d'un grand nombre de canons de batterie, les uns derrière les autres. Après en avoir emporté deux, les bataillons de l'attaque et ceux qu'on y envoyait pour les soutenir, avaient si fort souffert qu'ils se trouvaient réduits à trop peu de monde pour forcer le troisième poste, et que le combat finit faute de combattants. Nous avons encore repoussé l'ennemi deux fois à notre droite, qui n'a pas trouvé bon de nous suivre après l'action, ni de nous inquiéter en aucune manière.

Je vous écris les choses dans la plus grande vérité, sans augmenter mes avantages ni diminuer mes pertes, que nous réparerons, puisqu'il n'y a rien de désespéré.

Au reste, je viens d'écrire à Sa Majesté Britannique une lettre de ma main propre, pour lui rendre compte de tout ce que dessus.176-1

Federic.

Nach dem Concept.



175-1 „In simiîi an von der Hellen im Haag“ ; mit Fortlassung des Schlusssatzes: „Au reste, je viens d'écrire etc.“

175-2 Vergl. Nr. 9101.

175-3 Vergl. S. 152. 157.

176-1 Vergl. Nr. 9108.