9197. AU PRINCE DE PRUSSE AU CAMP DE LEIPA.
Der Prinz von Preussen meldet, Lager bei Leipa 11. Juli: „Nous avons envoyé ce matin le trompette autrichien qui avait des lettres pour le général de Retzow, à Leitmeritz, et on a cru que, accompagné d'un de nos trompettes pour sa sûreté, on le laisserait passer : le coup n'a pas réussi, et notre trompette revient dans l'instant avec ma lettre.
J'ose demander vos ordres sur les cas qui pourraient arriver. Toutes nos nouvelles confirment que la grande armée, après avoir passé Viser à Münchengætz, doit se camper à Niemes, où. est à présent le général Morocz. Ce mouvement les approche du chemin de Zittau par Reichstadt et Gabel. S'ils le font, ils seront à même d'être à Zittau aussitôt que nous; et si nous devons nous rendre à Zittau, il ne nous reste alors d'autre chemin, pour ne leur point prêter le flanc, que par Georgenthal, qui doit être très difficile. Je joins la déposition d'un hussard et d'un autre déserteur, d'une femme, et un rapport du major Belling, de Gabel. Le trompette autrichien qui est arrivé hier, a été questionné par le général „Winterfeldt sur toutes sortes de matières; il a dit que le général Kheul était détaché avec 15,000 hommes. Je vous demande en grâce de me donner des ordres positifs sur ce que vous ordonnez que je fasse. J'ose encore vous avertir qu'ici nous n'avons que pour 10 jours de pain, et que le transport que le général Brandes240-5 a conduit à Zittau, n'a amené que pour quatre semaines de farine. Je ferai reconnaître un camp qu'on m'a proposé de prendre, au cas que l'armée de Daun se campe à Niemes; alors la droite sera à Brims, Walten devant le front, et la gauche à Gabel, ce qui couvrira le chemin de Zittau. Ce qui commence le plus à manquer ici, c'est la viande, la plupart des régiments n'étant point fournis de boeufs. Le pays n'en fournit pas suffisamment, à cause que les pandours et hussards l'empêchent. Le Noble a mis le feu à une centaine de huttes de pandours et pris leurs manteaux. J'ai l'honneur d'être jusqu'au tombeau etc.“
[Leitmeritz, 13 juillet 1757.]240-6
Pour vous mettre en état de juger ce que vous et moi devons ou pouvons faire, je dois d'avance vous mettre au fait de notre situa<241>tion présente. Vous avez vis-à-vis de votre armée Daun, j'ai vis-à-vis de moi Nadasdy; vous avez Morocz sur le flanc, et Kheul, s'il est détaché, marche, selon toutes les apparences, vers Landshut. D'un autre côté, les Suédois assemblent un corps de 17,000 hommes à Stralsund;241-1 les Français sont entrés en Hesse;241-2 on m'écrit que 8000 hommes ont passé le Wéser, qui seraient suivis d'autres 8000; je crois ces 16,000 hommes destinés à se joindre avec les troupes de l'Empire et pour marcher vers Halle ou vers Magdebourg.
Cette situation est certainement mauvaise; mais voilà ce que nous devons tâcher d'exécuter le mieux qu'il se pourra : vous de couvrir la Lusace et la Silésie; car si vous ne couvrez pas la Lusace, un essaim de troupes légères pénétrera, la flamme et le fer en main, jusqu'à Berlin; la Silésie, sans quoi le pays sera ruiné et les forteresses prises, faute d'être secourues. Je ne saurais vous prescrire la façon de l'exécution. Tout cela est très difficile; mais consultez avec les généraux que vous avez avec vous, et prenez le meilleur parti, selon que les circonstances l'exigent, pour quoi je ne vous gêne, ni sur vos positions, ni sur vos marches. Quant à moi, j'ai deux objets : l'un de couvrir les montagnes de la Saxe pour garder l'Elbe et mes magasins, l'autre de m'opposer à l'armée française et de l'Empire. Quant à la Poméranie, j'y lève 5000 hommes de garnison, et, pour soutenir Stettin, vous y enverrez le régiment de Bevern,241-3 et j'y enverrai de même deux bataillons.
Ceci n'est pas la fin de mon embarras; je reçois aujourd'hui la nouvelle que les Français ont pris Emden,241-4 et Lehwaldt m'écrit hier241-5 qu'il s'attend à la prise de Memel,241-6 que les Russes assiègent. Apraxin s'est retranché à Kauen, et la flotte et les galères font des descentes sur les côtes de la mer. Que tout ceci ne vous fasse point perdre courage; il faut à présent redoubler d'efforts; mais mon sentiment est de tâcher d'en venir quelque part à une décision par une bataille. Si nous n'en venons pas là, l'un et l'autre, avant la fin de la campagne, nous serons perdus.
Vous241-7 aurez apparemment reçu dans mes lettres précédentes ce qui regarde les régiments saxons, dont il faut compléter vos régiments.241-8 Vous avez donc Manstein, Wietersheim, les bataillons de grenadiers Kalenberg, Bœhr et Diezelsky à votre disposition; je permets aussi aux chefs des régiments de prendre les meilleurs enseignes et porte-enseignes dans leurs régiments.
<242>Si Daun et le gros de l'armée autrichienne restent vis-à-vis de vous, il faudrait détacher huit à dix bataillons et quelques hussards en Silésie pour couvrir les montagnes, surtout Schweidnitz, et, en cas de besoin, on peut vous fournir pour un mois de farine de Dresde. Vous êtes pourvu à présent jusqu'au 12 août, et l'on pourrait sans peine vous donner jusqu'au 12 septembre.
Federic.
Ces marches en arrière, à la longue, ne vont pas; il vous manquera toujours ou du fourrage ou du pain, ou Dieu sait quoi, et vous perdrez autant par désertion que si vous vous battiez avec l'ennemi; et, dans notre situation désespérée, il faut avoir recours à des remèdes désespérés.
Federic.
Il faut toujours vous tourner du côté de la grande armée ennemie; si elle détache pour la Silésie, vous pouvez détacher de même; si elle va en Silésie, et qu'elle détache vers la Lusace, vous ferez la même chose.
Envoyez, je vous en conjure, cette lettre à mon frère Henri pour laquelle je vous ai vainement tourmenté avant votre départ.242-1
Federic.
Nach dem eigenhändigen Concept. Der letzte Zusatz: „Il faut toujours etc.“ eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.
240-5 Vergl. S. 233-
240-6 Das Datum nach der chiffrirten Ausfertigung.
241-1 Vergl. S. 233.
241-2 Vergl. S. 214. 219. 224.
241-3 Das Regiment hatte in Stettin seine Garnison.
241-4 Emden capitulirte am 3. Juli. Die Capitulation vergl. Danziger Beiträge Bd. III, S. 110—113.
241-5 In dem schon am 11. Juli (Nr. 9189) beantworteten Bericht vom 4. Juli; in dem nächstfolgenden Bericht vom 7. Juli meldet Lehwaldt bereits den Fall von Memel.
241-6 Memel wurde am 5. Juli eingenommen. Die Capitulation vergl. Danziger Beiträge Bd. III, S. 9—11.
241-7 Dem folgenden Abschnitt bis „jusqu'au 12 septembre“ ist die eigenhändige Weisung vorgesetzt: „Postscript an den Brief von meinen Bruder von Preussen.“
241-8 Vergl. Nr. 9172.
242-1 Dieses Schreiben liegt nicht vor.