9223. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK AU CAMP D'AFFERDE.

Quartier de Luschitz,263-2 23 juillet 1757.

Monsieur mon Frère et Cousin. La dernière lettre que vous avez bien voulu me faire, m'a été fidèlement rendue.263-3 Votre Altesse sentira combien j'ai été touché des sentiments amicales qu'Elle m'y confirme; aussi la reconnaissance que je Lui en garderai, ne finira qu'avec le dernier moment de ma vie. Je La remercie d'ailleurs de la fidèle et exacte communication, tant de ce qui s'est passé à Ses lieux que des avis qu'Elle a eus de tout ce que nos ennemis complotent, principalement contre moi. Je ne saurais nier que tout ceci m'a<264> vivement affligé, et que je regrette surtout que Son pays se trouve en partie innocemment exposé à ces vexations et ces mauvais procédés dont les Français en usent vers eux. C'est aussi pourquoi il serait bien à désirer que le duc de Cumberland, voyant les troupes françaises aussi éparpillées qu'elles le sont actuellement en de petits corps, puisse trouver moyen d'en battre quelques-uns en détail, ce qui changerait là bien la face des affaires.

Au surplus, la lettre que Votre Altesse m'a faite, m'a été rendue, lorsque j'ai été en marche vers ici pour me rendre en Saxe. Mon intention n'a pas été de quitter sitôt la Bohême, et je m'y serais soutenu sans peine ni difficulté jusqu'à la mi-août au moins, si par malheur il n'était arrivé que mon frère le Prince de Prusse, à qui j'ai donné le commandement d'un corps d'armée séparé pour couvrir la Lusace et la Silésie, eût laissé gagner sur soi, à l'armée autrichienne sous les ordres du prince Charles et du maréchal Daun, une marche de Niemes vers Zittau, en sorte qu'il n'a pas pu soutenir ni secourir l'avant-poste de Gabel, qui, à ce que j'apprends, a été emporté par l'ennemi, et que la Lusace avec les magasins qu'il y a se trouvent menacés. C'est ce qui est la cause pourquoi je n'ai pas eu lieu d'être bien content de la conduite de mon frère, de sorte que je me vois obligé d'y aller moimême avec quelque corps de troupes, afin d'y voir moi-même et de remédier aux inconvénients, si j'en trouve.

Au surplus, parmi le grand nombre de mes ennemis qui me viennent de tous côtés, je ne puis que songer à des moyens désespérés pour m'aider, en sorte qu'il ne saura guère durer longtemps que Votre Altesse n'en apprenne le succès.

Je suis avec cette haute considération et cette amitié la plus cordiale et la plus constante qu'Elle me connaît, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Altesse le bon frère et cousin

Federic.

Nach dem Concept.



263-2 Hier und in den folgenden Nummern stets Luschitz; wahrscheinlich ist Lochtschitz nördlich von Hlinay gemeint.

263-3 Dieses Schreiben des Herzogs von Braunschweig liegt nicht vor.