9238. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

Pirna, 27 juillet 1757.

Ma très chère Sœur. Je trouve encore un petit moment pour vous écrire. Les ennemis ont bombardé et brûlé Zittau, de sorte que l'on s'est vu forcé d'en retirer les troupes et de sauver tout ce qu'on a pu du magasin. Toute cette pauvre ville n'est plus à présent qu'un morceau de cendres et de ruines. Je marche demain; le 30 j'aurai joint mon frère, et il faudra à tout prix rechasser les Autrichiens de la Lusace, pour se tourner vers les Français qui vont incessamment pénétrer dans le pays de Halberstadt.

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Tout ceci m'a forcé à quitter la Bohême et à me borner de maintenir les gorges de la Saxe. Je vous mande tout ceci, pour que vous soyez moins inquiète des nouvelles que l'on ne manquera pas de répandre, et que vous puissiez en quelque sorte juger de leur vérité. Je prends la liberté de vous avertir que vous ne pouvez recevoir de mes nouvelles qu'entre ci et dix jours.

Hélas! ma chère sœur, vos sentiments ne sont pas de ce siècle; ils auraient fait honneur à celui des Nisus et des Orestes. Vous faites tout mon bien, tout mon bonheur et toute ma consolation. Je suis avec la plus tendre amitié et la plus parfaite estime, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.