9346. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Quartier de Kerspleben, près d'Erfurt, 20 septembre 1757.
La dépêche que vous m'avez faite du 6 de ce mois, m'est heureusement parvenue. Le zèle que le ministère anglais, très bien intentionné pour la cause commune, fait toujours paraître, et les assurances qu'il vous donne à ce sujet, me sont toujours très sensibles, de sorte que je les plains d'avance du chagrin qu'ils ressentiront de la convention flétrissante et ignominieuse, s'il en fut jamais, que le duc de Cumberland, sans doute à l'impulsion des ministres d'Hanovre, vient de conclure avec les Français,357-2 et dont je ne doute pas que mon ministère vous aura amplement instruit. C'est aussi pourquoi vous devez m'instruire, tant pour ma direction que pour ma curiosité, de quel œil les ministres anglais ont regardé cette convention, dès qu'ils en seront instruits, et [de] ce que la nation en jugera, tout comme des suites qui en résulteront. Quant à moi, vous pénétrerez vous-même que cette démarche de la part des Hanovriens ne saurait être qu'un très fâcheux contre-temps pour moi, vu que par là le duc de Richelieu se verra en état d'assembler tout ce qu'il a de forces, après avoir garni les forteresses et villes des pays d'Hanovre, de Brunswick et de Cassel de garnisons, pour aller tomber sur mes provinces.
Je m'étonne que le courrier que le sieur Mitchell a dépêché au commencement de ce mois avec sa réponse sur les instructions qu'il a reçues le 17 de juillet,357-3 ne soit pas arrivé déjà à Londres, et après les explications que j'ai eues avec lui sur ce sujet,357-4 et dont il a fait son rapport, je ne saurais rien ajouter.
<358>Au surplus et pour vous parler confidemment, je ne saurais vous dissimuler qu'il me paraît que le ministère anglais prend assez mal son temps pour faire des projets après l'abandon des ministres d'Hanovre, et après que les choses sont venues presque à l'extrémité. Il me semble qu'il aurait dû déjà commencer à traiter avec l'Espagne l'hiver dernier, et ainsi du reste; à présent je crains fort que ce ne soit, comme on dit, de la moutarde après le dîner, vu la grande supériorité de nos ennemis, et que, par leurs divisions et leur indolence, ils ne m'aient, pour ainsi dire, sacrifié de gaieté de cœur.
Federic.
Nach dem Concept.
357-2 Vergl. Nr. 9342.
357-3 In der Vorlage fälschlich „16 de juin“ . Vergl. S. 319.
357-4 Vergl. S. 314—316.