9747. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Breslau, 3 février 1758.
Monsieur mon Cousin. J'ai reçu la lettre que Votre Altesse m'a faite du 29 de janvier, sur laquelle il faut que je vous fasse observer que la diversion1 de mon frère Henri2 ne peut consister, quoi que je fasse, qu'en 7 bataillons et 6 escadrons, et ce serait fort téméraire de s'aventurer trop en avant avec un petit corps. Mais ce que j'observe, moi, c'est que, depuis que vous êtes là-bas, vous me croyez plus fort que je ne suis. Lehwaldt n'a pas un homme de trop; pour moi, je n'ai que ce qu'il me faut. Keith n'a que 9 bataillons et 10 escadrons contre un corps de 30,000 hommes, depuis que les troupes des Cercles sont entrées en Bohême. Il ne faut pas dans nos circonstances compter sur le nombre, mais sur l'habileté et l'audace du général. Mais si vous n'agissez pas avec vigueur, vous pouvez compter que vous perdez tout. Il faut [faire]3 aller ces gens malgré eux et en faire des héros, quelque peu d'envie qu'ils en aient. Vous avez 42,000 hommes, et avec une armée aussi forte, soutenue de bonnes dispositions, on en a autant qu'il en faut, mais il faut être hardi. Pourquoi, mon très cher prince, n'avezvous pas prévenu les Français à Brème,4 lorsqu'il dépendait de vous de l'occuper? Ces gens-là ont fait ce qu'ils ont dû. En un mot, nous ne sortirons pas de ce labyrinthe-ci sans témérité et sans beaucoup de hardiesse.
Je suis avec toute la considération possible, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon et très affectionné cousin
P. S.
Je viens de recevoir encore votre lettre du 30 janvier. Vous serez persuadé, cher prince, combien je connais l'importance de voir recognés les Français au delà du VVéser, et combien je souhaiterais d'y pouvoir contribuer par les ro bataillons dont vous faites mention,5 si ce n'était l'impossibilité absolue qui s'y opposât de ma part, qui ne permet pas de vous les procurer à cet usage. Je ne saurais donc y fournir au delà de ces 7 bataillons et 6 escadrons à la tête desquels mon frère Henri se trouvera.6
Vous avez vu auprès de Rossbach ce que c'est que les troupes françaises et leur misère.7 Pensez-y un peu, et à la différence qu'il y aurait, si vous aviez autant d'Autrichiens devant vous. Avec les Fran-
1 Dem folgenden bis zum Ende des Abschnitts bis „beaucoup de hardiesse“ liegt eine wörtlich übereinstimmende eigenhändige Weisung des Königs, auf der Rückseite des Berichts vom 29. Januar, zu Grunde.
2 Vergl. S. 189. 190. 203. 205.
3 Ergänzt nach dem Concept.
4 Vergl. S. 190. 205.
5 Prinz Ferdinand bat, den Prinzen Heinrich mit 10 Bataillonen statt mit 7 zu seiner Unterstützung vorgehen zu lassen.
6 Vergl. S. 205.
7 Vergl. S. 8; Bd. XV, 12. 24. 41. 345. 361.