<28> des cassines, pour nous empêcher de rétablir le pont brûlé. Us tirèrent un cordon le long de la rive gauche de la rivière, et le maréchal Keith, qui avançait avec le gros de l'armée sur Merseburg, y trouva le pont brûlé et la ville occupée par 14 bataillons français, en même temps qu'un détachement français avait brûlé le pont de la Saale proche de Halle. Le Maréchal marcha avec un détachement à Halle et y rétablit le pont, ce qui obligea les ennemis d'évacuer tous les postes qu'ils avaient au delà de cette rivière, et de se retirer au village de Saint-Mücheln. Nous refîmes aussitôt les ponts et passâmes la rivière à Halle, Merseburg et Weissenfels. Ces trois colonnes se joignirent le même jour au village de Rossbach. Le Roi fut reconnaître le camp de l'ennemi, et comme on le trouva attaquable par sa droite, il fut résolu d'y marcher le lendemain.

Le 4, on se mit en devoir d'exécuter ce projet. La cavalerie avait l'avant-garde. En arrivant sur les hauteurs où l'on avait reconnu la veille, on trouva le camp ennemi changé de position; non seulement il faisait front à notre armée, mais il était couvert sur son front d'un ravin considérable. Sa droite était sur une hauteur dans des bois fortifiés par trois redoutes et d'abatis d'arbres. On ne jugea pas l'attaque de ce poste convenable. L'infanterie se campa, et la cavalerie se retira de même dans le camp. L'ennemi, voyant qu'il n'allait point être attaqué, fit sortir de son camp quelque détachement et fit tirer quelques coups de canon sur notre cavalerie qui furent presque sans effet.

Le 5 au matin, nous fûmes informés que l'ennemi faisait un mouvement vers sa droite, et nous apprîmes par nos coureurs que toute l'armée était en marche. Sur le midi, on aperçut les têtes de ses colonnes sur l'extrémité de notre gauche, et l'on ne voulut prendre aucun parti, avant que d'être plus assuré des vues qu'il pouvait avoir. A 2 heures de l'après-midi, on vit qu'il avait dessein de tourner notre gauche, et que sa marche se dirigeait du côté de Merseburg. Sur quoi, notre armée se mit en bataille et par un demi-tour à gauche côtoya celle de l'ennemi. Nous gagnâmes les hauteurs dont notre cavalerie sut si bien profiter qu'elle prit celle des ennemis en flanc et, après quelques charges, la dissipa entièrement. L'infanterie gagna le village de Reichertswerben où elle s'appuya, et comme nous vîmes que l'infanterie française formait des colonnes et se mettait en bataille pour nous attaquer, on marcha sur elle. Le combat ne dura qu'une heure et demie. Nous n'avons eu que 6 bataillons de notre gauche d'engagés, et après avoir poursuivi les fuyards jusques au delà de [Burgwerben],1 la nuit nous empêcha de profiter de la victoire.

Le lendemain, l'armée est marchée sur Freiburg. Le 7 un gros détachement a passé la Saale et s'est avancé jusqu'à Eckartsberga;2 le 8 et le 9, on poursuivit les fuyards jusqu'à Erfurt. Nous avons 8 gé-



1 Vom Könige offen gelassen, in der Kanzlei hinzugesetzt.

2 Vorlage: jusqu'au Ekersberg, vergl. S. 10. Anm. 3.