<289> J'applaudis fort à ce que vous ne voulez la garnison de Nienburg que prisonnière de guerre. Il ne suffira pas que Votre Altesse déblaie les ennemis du pays d'Hanovre, ce que je n'ai pas compté pour la chose la plus difficile, mais la principale est que vous lui1 causiez autant de mal et de pertes que possible, pour l'affaiblir et pour lui anéantir beaucoup de monde. Je vois que, comme les Français ont établi de gros hôpitaux à Hanovre, tout ce qu'il y a de malades, sera à vous.

L'expédition que mon cher neveu le prince héréditaire a faite à Hoya, a été très jolie et bien conduite. Il n'y a qu'une seule chose que j'oserais lui reprocher, si cela dépendait de moi, c'est qu'il n'a pas pris toute la garnison prisonnière de guerre. Je m'en console cependant, parceque je suis sûr qu'à l'avenir, et quand il en retrouvera les occasions, il se gardera d'être trop débonnaire et ne se laissera pas intimider par de petits secours2 que l'ennemi voudra envoyer, mais qui ne sauraient rien changer aux affaires.

Au surplus, je ne doute nullement que, dès que Votre Altesse aura fini avec Nienburg, Elle ne marche d'abord sur Minden ou Hameln, savoir selon que les circonstances le demanderont. Je ne doute pas, d'ailleurs, que Votre Altesse n'ait commandé le prince de Holstein avec ses hussards et dragons et avec quelques bataillons d'infanterie pour entamer et attaquer l'arrière-garde de l'ennemi, afin de la ruiner et l'anéantir au possible, avant qu'elle sorte du pays.

Mon frère Henri me marque que les Français s'enfuyaient vers Cassel.3 Voilà cependant où ils ne sauraient avoir de grands magasins ni y subsister longtemps. Si cet avis est sûr et fondé, et que Votre Altessse marche sur Minden et de là au pays de Paderborn et vers Lippstadt, non seulement Elle coupera par là Saint-Germain,4 mais obligera encore l'ennemi absolument de se retirer bien plus en arrière.

En gros, je vous prie de considérer qu'à la vérité vous avez beaucoup fait de chasser l'ennemi du Hanovre, mais que ce n'est pas encore là le plus grand avantage que vous sauriez en tirer, et qui consiste à bien profiter de la bredouille et confusion de l'ennemi, pour le presser vivement et ne pas lui laisser le temps de se reconnaître, mais de tomber sur l'un des corps, soit Saint-Germain, soit de Clermont, pour le bien rosser et le châtier sensiblement. En exécutant ceci, vous en retirerez le profit que vous et vos troupes aurez des quartiers tranquilles, jusques au mois de mai ou de juin. Ce vaut bien la peine des fatigues que vous serez obligé d'y employer encore, mais que vous supporterez, à ce que je me persuade, avec plaisir, vu qu'il faut de toute nécessité que cela se fasse. Je suis avec ces sentiments que vous me



1 Sic.

2 „Secours“ im Concept, die dechiffrirte Ausfertigung hat: „ouvertures“ .

3 Vergl. S. 279.

4 Saint-Germain befehligte das Corps, das vorher in Bremen gestanden hatte. Vergl. S. 190. 205.