<328> Vienne, et voilà le moment dont vous pourrez profiter pour talonner ces gens, qui ni plus ni moins seront obligés d'aller en Moravie. Si avec cela les Cercles ne reçoivent qu'une chiquenaude, ils s'enfuiront tous, et de toute l'année il n'en sera plus question. Si personne ne vous empêche de pousser en avant, vous pouvez alors marcher droit sur Prague, faire venir votre artillerie par l'Elbe jusqu'à Leitmeritz, faire l'investiture d'un des côtés de la ville avec de la cavalerie, et de l'autre, où vous jugerez à propos, d'ouvrir la tranchée avec de l'infanterie. Dans le cas que je suppose, l'ennemi n'y aura pas une forte garnison, et la prise de la ville ne sera qu'une affaire de 8 jours de tranchée. Si, contre toutes les apparences, Soubise revenait dans ces entrefaites — de quoi cependant je doute beaucoup —, il faudrait vous tourner du côté de Leipzig, parcequ'il y a cent à parier contre un que les ennemis n'attaqueront pas Dresde, qu'ils se verraient forcés de ruiner, pour nous le prendre. Voilà, mon cher frère, tout ce que je peux vous dire sur des choses incertaines; souvenez-vous toujours qu'au cas que le nombre de nos ennemis surpasse de beaucoup vos forces, qu'il faut défendre l'Elbe et par conséquent en éloigner l'ennemi le plus qu'il est possible. Pour ce qui regarde ici nos opérations, nous préparons tout pour le siège de Schweidnitz. Mes messieurs me lanternent un peu, cependant j'ai envoyé Fouqué avec un détachement dans le comté; il a surpris le 21 ce redoutable Jahnus à Habelschwerdt,1 lui a pris 200 pandours et tout son équipage. Cette petite affaire aurait été plus décisive, si des chemins, dont vous ne sauriez vous faire des idées, n'avaient empêché nos troupes de profiter de leurs avantages. Ce petit succès a forcé les Autrichiens d'abandonner Braunau et toute la lisière de ce côté-là. Il faudra voir s'ils voudront encore entreprendre de faire lever le siège de Schweidnitz; je ne les crains point, et j'attends que les chemins deviennent praticables, non point pour les attaquer, mais pour éprouver leur contenance et leur donner un petit camouflet qui me les éloigne davantage de mon voisinage. Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur, vous assurant de la tendre amitié, avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
9866. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH.
[Grüssau, 25 mars 1758.]
J'ai reçu, mon cher Maréchal, les lettres que vous m'avez faites du 20 de ce mois, et crois avoir guéri le colonel Székely par celle que je
1 Vergl. S. 325.