9535. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE A LEIPZIG.
Au quartier de Maltitz, 22 novembre 1757.
Mon cher Frère. J'ai cru nécessaire de vous informer sur notre situation présente, que je suis arrivé aujourd'hui ici, d'où je marcherai demain à Gœrlitz, où je ferai un jour de repos, pour prendre des arrangements absolument nécessaires, afin de pouvoir poursuivre ma marche. Le général Marschall est encore auprès de Zittau, ses hussards et pandours à Lœbau. Il sera nécessaire que vous informiez incessamment le maréchal Keith que Schweidnitz s'est rendu,47-1 et que l'ennemi se tire sur le prince de Bevern, en faisant de gros détachements, dont une partie doit passer l'Oder, l'autre à Brieg pour l'assiéger. Je marcherai, au contraire, tout droit à Breslau, où j'attaquerai l'ennemi d'un côté et le prince de Bevern de l'autre. Si cette entreprise aura le succès dont je m'en attends, toutes nos affaires en Silésie en seront rétablies en ordre, sans compter d'autres succès. Ayez la bonté, mon très cher frère, de me ménager religieusement le secret sur mon dessein, que je masquerai moi-même devant tout le monde, pour qu'il n'en rien transpire avant le temps où il faut qu'il éclate. Sans le secret, je saurais fort risquer.
Pour revenir encore au général Marschall, je suis sûr qu'il restera auprès de Zittau jusqu'au 24, mais je ne saurai [dire] sur quoi il se déterminera après. Donnez-en part encore au feld-maréchal Keith. Soyez assuré de l'estime avec laquelle je suis, mon très cher frère, votre très bon frère
Le corps régulier de Marschall ne fait que 5000 hommes, celui de Hadik 3000 tout compris. Voilà toute leur force. On dit qu'il a détaché quelque chose vers la Bohême; mais j'ai peine à le croire, car la nouvelle vient non seulement d'une source bourbeuse, mais encore il est trop faible, pour s'éparpiller de la sorte.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
<48>47-1 Vergl. S. 37. Anm. 3.