9621. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.115-2
Breslau, 22 décembre 1757.
Monsieur mon Cousin. J'ai reçu à la fois les lettres que vous m'avez faites du 14 et du 15 de ce mois. Si j'ose vous dire sincèrement ma pensée sur la besogne que vous avez faite en marchant droit vers Celle, je ne saurais m'empêcher de vous dire que c'a été une faute d'y aller, au lieu que, si vous aviez dirigé votre marche tout droit à Nienburg,115-3 vous auriez coupé là à l'ennemi tout secours qu'il peut attirer de ce côté-là, et en [le] prenant [par] derrière, vous l'auriez forcé à se retirer d'abord.
Votre Altesse sera persuadée que, loin de vous imputer la faute, je l'attribue plutôt aux impulsions des Hanovriens et en particulier à celles du sieur de Schulenburg; mais permettez-moi de vous dire que, par cette manœuvre-là, vous vous rendrez votre entreprise bien plus difficile que si vous eussiez tourné d'abord vers Nienburg et Minden, comme le seul côté qui aurait été le plus sensible à l'ennemi, par les susdites raisons. Aussi mon avis est que, quand vous aurez passé l'Aller à quelque endroit plus convenable et moins hasardeux que vis-à-vis de Celle, que l'ennemi occupe, et derrière laquelle se trouvent ses forces, il faudrait que vous vous tourniez encore du côté de Nienburg et de Minden, pour couper la communication à l'ennemi et l'obliger à se retirer.
Quant au passage de l'Aller, je ne crois pas que l'ennemi vous le puisse plus disputer dans la saison présente d'hiver, où la gelée couvre toutes les rivières. Au surplus, je proteste à Votre Altesse que ce n'est par aucune envie de m'ingérer à Lui donner des avis sur les opérations à faire, ni critiquer ceux que les Hanovriens Lui prêtent. Jamais je ne m'en mêlerai, et vous serez toujours le maître absolu de prendre vos mesures telles que vous les trouverez les plus convenables. Il n'y a [rien] dans mon fait sinon que je ne voudrais pas que vous dussiez jamais m'accuser de ne pas vous avoir expliqué mes sentiments. Au reste,<116> je ne saurais prévoir comment les choses seront allées, [en attendant]116-1 que ma lettre vous sera arrivée; mais pensez, je vous en prie, à ce que, quand vous passerez de ce côté-ci, près de Celle, l'Aller, vous entrerez dans un trait de pays peu fertile, où vous serez obligé de faire charrier vos subsistances, au lieu que l'ennemi les aura de ses magasins à droite et à gauche.
Pour ce qui regarde les représailles que vous me demandez, de ce que l'ennemi vient de mettre le feu au faubourg de Celle, je vous prie de considérer qu'il n'y a là qu'une marque de ce que l'ennemi a envie de vouloir défendre la ville, et que c'est l'usage de brûler alors les faubourgs. Mais, si l'ennemi voulait brûler les villes sans défense, de même que les villages, uniquement dans le dessein de ruiner le pays, alors soyez persuadé qu'en conséquence de la lettre que je vous ai faite à ce sujet,116-2 j'userai de représailles en Saxe.
Il ne me reste, pour vous répondre, que l'article des troupes légères que vous me demandez; sur lequel je suis obligé de vous dire qu'il n'est pas possible de vous en détacher d'ici, où j'en ai moi-même grand besoin, et qui ne vous arriveraient qu'au mois de février. Quant à celles que le maréchal Keith a auprès de son corps, il en a absolument besoin contre Laudon.
Lehwaldt ne fait que commencer ses opérations, et il faut qu'il porte des coups sensibles aux Suédois. Cependant, comme ses opérations auront apparemment fini en quinze jours, il vous enverra alors cinq escadrons de hussards avec un régiment de dragons, selon ma promesse.116-3 Je suis avec des sentiments d'estime et de l'amitié la plus parfaite, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon cousin
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.
115-2 Die Berichte des Prinzen vom 14., 15. und 23. sind aus Altenhagen, vom 26. aus Uelzen datirt.
115-3 Ueber den Marsch gegen die Weser, vergl. S. 32.
116-1 Die Ergänzungen nach dem Concept (Geh. Staatsarchiv).
116-2 Vergl. Nr. 9578.
116-3 Vergl. S. 15. 16. 111; Bd. XV, 424. 447. 466.