9811. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Breslau, 3 mars 1758.
La dépêche que vous m'avez faite du 14 février, m'a été fidèlement rendue, au sujet de laquelle je suis bien aise de vous dire que ma façon de penser sur l'Angleterre est invariablement la même qu'elle a été, sans que rien y ait été altéré, et que je ne ferai nulle difficulté de me lier plus étroitement avec l'Angleterre par cette convention que les ministres d'Angleterre ont proposée;276-4 tout au contraire, je suis fermement du sentiment que nous ne nous saurions tirer tous deux de la situation embarrassante où nous nous trouvons présentement, qu'au moyen d'un parfait accord et d'une unanimité invariable; que c'est dans cet accord et dans l'intelligence la plus intime que notre force consiste, de sorte que, si jamais nous nous en relâcherions, il serait fait de nous. Dans l'idée que j'ai eue de ne pas vouloir d'abord tirer ces subsides que l'Angleterre m'a offerts, il n'y a eu absolument point d'autre motif, sinon que je n'aime pas d'être à charge à mes alliés.276-5 C'a été, depuis, tout temps ma façon de penser, et comme il se présentaient des occasions qui me firent espérer que je saurais m'aider moi-même, j'avoue que j'aurais souhaité de parvenir par là en état de pouvoir me passer<277> de l'argent de l'Angleterre, uniquement pour ne lui être pas à charge. Voilà ce que vous direz naturellement aux ministres, auxquels vous ferez, après, les propositions suivantes en mon nom, et sur lesquelles j'attends que vous me marquiez au plus tôt possible leur réponse :
Savoir que le ministère fasse en sorte que l'Angleterre envoie le printemps qui vient, non pas une flotte formidable, mais seulement une escadre de quelques vaisseaux de guerre avec quelques frégates dans la Baltique,277-1 pour que cela ait seulement le nom de l'envoi d'une escadre anglaise là, quand même elle ne ferait que s'y promener. Que, cette résolution prise de la part du ministère, je ferais incessamment signer la convention277-2 et accepterais la somme des subsides qu'on m'a destinée, quoique sous condition qu'elle sera déposée en Angleterre, et que je n'en ferais usage qu'au cas que la nécessité m'y obligerait.
Vous direz, d'ailleurs, aux ministres qu'après que l'expédition du prince Ferdinand était actuellement commencée,277-3 et qu'on avait tout lieu d'en espérer du succès, je croyais que Sa Majesté Britannique trouverait moyen d'augmenter son armée hanovrienne jusqu'à 10,000 hommes.277-4 Que, pour exécuter ce plan, j'espérais au moins que le ministère anglais ne serait pas contraire, d'autant qu'il ne s'agissait pas de donner des troupes nationales anglaises,277-5 mais seulement de faire une augmentation des troupes de Sa Majesté dans ses États d'Allemagne.
Au reste, vous ne laisserez point passer cette occasion, sans faire de ma part envers les ministres l'éloge qui est tout-à-fait dû au sieur Mitchell, comme d'un ministre très entendu duquel je ne saurais assez louer la droiture, la fidélité et le zèle dont il sert sa cour, très bien intentionné d'ailleurs pour la cause commune. Vous ajouterez même que je serais bien fâché et sensiblement touché, si on voulait rappeler277-6 de ma cour un ministre si bien intentionné et d'un mérite reconnu.
Au surplus, mes vœux sont que le projet de faire changer la façon d'agir de la cour de Pétersbourg par des largesses réussisse à souhait, ce qui serait un grand coup de parti; mais ce qui aurait été plus à souhaiter encore, c'est qu'on y eût pensé plus tôt et de bonne heure, pour prévenir bien des suites fâcheuses.
Vous finirez par dire aux ministres que, malgré la situation embarrassante où je me trouvais, serré de tous côtés de mes ennemis,<278> j'avais cependant nullement balancé278-1 d'envoyer au prince Ferdinand de Brunswick un corps de cavalerie sous les ordres de mon lieutenant-général le prince de Holstein-Gottorp,278-2 afin de l'aider dans son expédition présente. Outre cela, que j'avais encore détaché mon frère le prince Henri avec un corps de troupes, pour faire en même temps une diversion aux Français du côté de Hildesheim,278-3 pour favoriser par là l'expédition du prince Ferdinand; aussi les nouvelles que nous en avions déjà reçues, étaient que les Français commençaient à se retirer du pays d'Hanovre, qu'on avait tout lieu d'espérer qu'ils seraient rejetés bien au delà du Wéser.
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
276-4 Vergl. S. 196. 197. 199. 200. 228.
276-5 Vergl. 3. 200.
277-1 Vergl. S. 228. 259.
277-2 Am 4. März theilt der König dem englischen Gesandten Mitchell mit, dass er geneigt sei, die Convention zu unterzeichnen, unter der Bedingung, dass eine kleine englische Flotte in die Ostsee geschickt und die hannoversche Armee vermehrt werde, „if there was a yielding on one side, he would yield on his part“ [Bericht Mitchell's an Holdernesse, Breslau 5. März (private). Abschrift im British Museum].
277-3 Vergl. S. 269. 280.
277-4 Vergl. S. 250. 251.
277-5 Vergl. S. 228. 229. 250.
277-6 Michell hatte, London 14. Februar, berichtet, man gehe in London damit um, Mitchell zurückzuberufen, weil er die Weisungen des Ministeriums nicht gut ausgeführt und die englischen Zustände dem Könige nicht deutlich genug dargelegt habe.
278-1 Aehnlich wie im Folgenden befiehlt der König in einem Cabinetserlass an Hellen, vom 3. März, dass dieser im Haag auf die von Preussen der alliirten Armee gewährte Unterstützung aufmerksam mache. In einem Erlass an Hellen, d. d. Breslau 13. März, zeigt der König dem Gesandten an, die Erfolge des Prinzen Ferdinand und des Prinzen Heinrich Hessen hoffen, dass die Franzosen bald über den Rhein getrieben sein würden.
278-2 Vergl. S. 260.
278-3 Vergl. Nr. 9812.