9812. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.278-4
[Breslau,] 3 mars 1758.
Mon cher Frère. Les nouvelles que vous me donnez des progrès du prince Ferdinand, me font le plus grand plaisir du monde. Il m'écrit qu'il a passé l'Aller, et qu'il est maître de Hoya et du pont du Wéser, et que nos hussards ont détruit tout le régiment de Poleretzki.278-5 A présent, la tête de M. Clermont tournera, et l'occasion deviendra favorable pour qui saura en profiter chaudement. Voilà ce que j'ai écrit.278-6 Le prince Ferdinand doit marcher à Nienburg, et comme cela force les Français à prendre le chemin de Minden, pour se retirer, je lui ai fort recommandé de tâcher de les atteindre, avant qu'ils gagnent ces montagnes, ou de les attaquer de l'autre côté du Wéser.
Je passe à présent à l'article de Hildesheim et à ce qui vous regarde. Pour Hildesheim, il faudra que cela paie les quartiers d'hiver des régiments que vous me proposez, que cela fournisse aux frais de l'équipement de vos hussards,278-7 et, quant au reste, il faut savoir combien vous en pourrez tirer à la hâte; pour Brunswick et Wolfenbüttel, dès qu'il n'y a plus de Français dans le pays, je ne vois pas pourquoi nous y mettrions garnison.
Je vous destine le commandement en Saxe, et comme tout votre corps y est nécessaire, hâtez-vous pour les contributions, et n'avancez pas plus que Hildesheim. Car, vers la fin de ce mois, il vous faudra<279> prendre ce commandement et y ramener vos troupes; vous recevrez sur cela à temps les détails de tout.279-1
Quant au régiment de hussards,279-2 j'approuve le choix que vous avez fait des officiers; je tâcherai de rassembler promptement les autres et de vous les envoyer, mais ce qui fera traîner leur arrivée, c'est qu'ici toutes les troupes sont en mouvement, pour prendre le chemin des montagnes, pour mieux couvrir Schweidnitz, que les Autrichiens font mine de vouloir secourir.279-3 Mais cela n'empêchera pas que vous ne receviez les officiers qui vous manquent. J'ai fait calculer l'état du régiment, et Borcke aura ordre de le payer.
Dans ce moment, je reçois votre seconde lettre,279-4 et je suis charmé de la fuite des Français, pourvu que le prince Ferdinand en profite et les détruise à présent, pour qu'ils ne puissent pas reparaître de sitôt; sans quoi, ce serait à recommencer. Si le Clermont va à Cassel, il reprendra par Paderborn et voudra naturellement regagner le Wéser; mais voilà ce que le prince Ferdinand lui peut empêcher facilement, le bien frotter et le renvoyer, accommodé de toutes pièces, vers le Rhin; ce qui pourrait l'obliger d'attirer Soubise279-5 à lui. Je vous prie d'entretenir correspondance avec le maréchal Keith et Finck, pour être au fait de ce qui se passe là-bas et sur la frontière, afin que, lorsque vous serez obligé de vous y rendre, que vous soyez au fait des dispositions des ennemis.
Adieu, mon cher frère; vous êtes à présent la source des bonnes nouvelles; donnez-m'en toujours de vos progrès et de votre santé, et soyez persuadé de la tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
278-4 Ueber die Berichte des Prinzen Heinrich aus dem Februar vergl. S. 221. Anm. 4. Nach den Berichten vom 3. und 8. März befand sich der Prinz an diesen Tagen in Libenburg (Dorf 1½ Ml. nördl. v. Goslar).
278-5 Ein französisches Husarenregiment.
278-6 Vergl. Nr. 9814.
278-7 Vergl. S. 248.
279-1 Vergl. Nr. 9S39.
279-2 Vergl. S. 248. Anm. 3.
279-3 Vergl. S. 264.
279-4 D. d. Hessen 27. Februar, der zuerst beantwortete Bericht datirt Halberstadt 26. Februar. In dem zweiten Bericht meldet der Prinz, die Franzosen hätten Braunschweig, Wolfenbüttel und Goslar geräumt und zögen sich gegen Cassel zurück, die preussischen Husaren seien bis Hildesheim vorgegangen.
279-5 Soubise stand im Hessen-Casselschen.