9963. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.
Neisse, 26 avril 1758.
Ma très chère Sœur. Sur le point de partir, j'ai reçu votre chère lettre et vous rends mille grâces de la tendre part que vous daignez prendre à ma conservation.
Nous partons et allons nous embarquer dans les grandes aventures. J'ai appris de bonne part que les Cercles veuillent former un camp dans vos États; je crains qu'ils ne commettent toute sorte d'indignités, et qu'ils n'en usent très mal chez vous. Mais, ma chère sœur, si cela arrive, comptez que cela ne durera guère, et que, dans peu, vous verrez changer la scène des évènements. De quelque façon que mes infâmes ennemis vous environnent, je trouverai moyen de vous faire savoir de mes nouvelles et de vous apprendre au moins les choses qui m'intéressent le plus.
Comme j'ignore quel destin aura cette lettre, je n'ose m'expliquer davantage; tout ce que je vous supplie instamment, c'est de conserver<406> votre santé et de me faire savoir au moins une fois par mois que vous vous portez bien; quand même un autre écrirait la lettre, cela me suffira, si j'y trouve ces paroles consolantes. Daignez, ma très chère sœur, être persuadée de la tendre reconnaissance, de la haute estime et du dévouement avec lequel je serai jusqu'au dernier soupir de ma vie, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Daignez faire mille amitiés au Margrave.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.