10114. AU MINISTRE D'ÉTAT ET DE CABINET COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

[Leutomischl, 7 juillet 1758.]92-1

Précis de la résolution du Roi sur une ample lettre que les ministres du département des affaires étrangères ont reçue de ceux d'Hanovre.

Que Sa Majesté avait été très surprise du projet tout-à-fait chimérique des ministres d'Hanovre dont ils s'étaient ouverts envers ceux de Sa Majesté; que le Roi approuvait parfaitement la façon de penser de Messieurs ses ministres sur un projet aussi extravagant que ridicule et le sentiment qu'ils en avaient marqué; qu'ils n'avaient qu'à répondre en conséquence et de se servir de ces raisons solides pour endoctriner ces gens-là pour autant qu'il serait convenable, surtout sur ce que, quelque porté que serait toujours le Roi pour le bien et les intérêts de Sa Majesté Britannique, qu'il regardait comme les siens propres, que cependant les mains lui étaient en quelque façon liées par la dernière convention faite avec l'Angleterre, pour ne pas pouvoir entrer en négociation sur des affaires de pareille nature, sans en communiquer préalablement avec l'Angleterre et de son gré.

Nota. Le Roi n'a pas laissé de communiquer quelque chose, quoique dans le dernier secret, au sieur Mitchell de ce projet extravagant, qui en a été frappé et a conseillé au Roi de ne pas négliger de faire communication sous secret à quelques-uns au moins du ministère anglais les plus discrets et confidents, pour que le ministère d'Hanovre dont il connaissait les mauvaises allures, ne prévînt le roi d'Angleterre là-dessus, comme sur un plan que Sa Majesté avait imaginé et offert elle-même, mais dont elle traînait à présent la conclusion; ce que les ministres d'Hanovre tâcheraient de représenter d'une manière odieuse; mais, quoique Sa Majesté ait écouté tranquillement cette insinuation du sieur Mitchell, Sa Majesté n'a pas résolu là-dessus.

Nota. C'est par surcroît de précaution qu'on a brûlé d'abord ici le rapport fait au Roi à ce sujet, ainsi que la minute de sa réponse, pour empêcher que, ni par hasard ni accident, quelque chose ne puisse en parvenir à la connaissance des ennemis et surtout de la cour de Vienne, qui ne manquerait pas d'en faire grand bruit et de relever les soupçons de la France, qu'elle a déjà témoignés à l'occasion de la dernière convention avec l'Angleterre.92-2

P. S.

Leutomischl, 7 juillet 1758.

Comme aussi vos rapports du 6 et du 15, du 17 et du 20 du mois dernier de juin me sont à la fois heureusement entrés, touchant<93> différents sujets, je n'ai à présent pas le loisir de vous répondre qu'à celui principalement qui regarde les subsides de l'Angleterre et les moyens les plus propres et les plus avantageux pour vous les remettre. Auquel sujet je vous dirai que, bien que les différentes pertes et dommages qui me sont survenus depuis peu, ne me permettent pas de laisser ces subsides en arrière, mais [m'obligent] de les tirer à présent, afin de m'en aider dans mes pressants besoins, je ne saurais cependant goûter ni agréer le plan que les marchands Splitgerber et Schütze vous ont présenté pour nous les remettre, ce plan visant plutôt à leur profit particulier qu'à mon avantage. C'est pourquoi il n'en sera aussi rien, mais ma volonté est que vous devez instruire incessamment le sieur Michell à Londres et l'autoriser dûment sur tout ce qu'il faut pour lever ces subsides aux termes dont on conviendra, et d'en acheter des barres en or, selon le plan que lui, Michell, m'a proposé, il y a quelque temps, et qui se trouve dans vos papiers. Mais supposé que, par cet achat de l'or, le prix en haussât, il faut qu'il fasse alors des remises par lettres de change. Sur quoi, il faut que vous observiez qu'il n'est guère possible, par rapport à ces remises à nous faire, pour achever l'envoi de toute la somme, que Michell s'en tienne à un seul système fixe, mais qu'il agisse conformément aux circonstances et se règle, pour nous remettre ces subsides, de la façon la plus avantageuse et la plus convenable à mes intérêts. Voilà sur quoi vous devez bien l'instruire, afin que les remises dont nous pourrions avoir bientôt besoin, se fassent au plus tôt au sieur Kœppen, pour en rafraîchir la caisse générale de guerre.

Pour ce qui regarde l'invasion que les Russes menacent de faire dans mes provinces ici, je vois bien qu'il ne tardera guère longtemps que j'aurai à faire à deux ennemis, savoir devant moi aux Autrichiens, et aux Russes à mon derrière, qui voudront percer entre Glogau et la Warthe . . .93-1

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der „Précis“ mit den Nota nach einer Abschrift der Ministerialkanzlei.

<94>

92-1 Der undatirte „Precis“ ist dem Ministerium zugleich mit dem als P. S. angehängten Erlass vom 7. Juli übersandt worden.

92-2 Vergl. Bd. XVI, 379.

93-1 Zum Schluss weist der König darauf hin, dass er unter den obwaltenden Umständen verhindert sei, auf die Berichte der preussischen Gesanaten im Auslande regelmässige Antworten aus dem Cabinet zu ertheilen; der Minister Finckenstein solle statt dessen die Beantwortung übernehmen.: „je vous charge des réponses à leur faire régulièrement et des instructions ultérieures à leur donner, sans attendre préalablement mes résolutions, ce qui vous sera d'autant plus facile que vous êtes parfaitement au fait des affaires et de mes intentions“ .