10116. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.94-2
Leutomischl, 7 juillet 1758.
La lettre que vous m'avez faite du 3 du mois passé, vient de m'être rendue, et je vous félicite très cordialement de votre passage du Rhin,94-3 qui a été exécuté aussi heureusement, comme de tous les glorieux succès que vos entreprises ont eus du depuis, qui, à ce que j'espère, seront encore plus grands pour rejeter l'ennemi au delà de la Meuse. Veuille le Ciel bénir toutes vos entreprises de tous les succès possibles, dont assurément personne ne prendra plus de part que moi, et qui certainement contribueront beaucoup au prompt rétablissement d'une paix glorieuse et solide, quand une fois l'ennemi se verra rembarré au delà de la Meuse et mis par là hors d'état de pouvoir entreprendre quelque chose de considérable.
Pour mettre Votre Altesse au fait de ma situation présente, je vous avertis qu'un convoi de munitions et autres choses nécessaires pour achever le siège d'Olmütz, que je faisais venir de Neisse sur Troppau sous une escorte de 12 à 13,000 hommes, y compris les reconvalescents et les recrues des régiments, ayant été entrepris dans les montagnes et les défilés de la Moravie aux environs de Sternberg par<95> un corps ennemi au delà de 18,000 hommes, troupes régulières et irrégulières, a95-1 souffert un échec, en sorte que le convoi fut partagé, et qu'il n'en arriva que la tête, et que l'autre partie fut en partie interceptée, en partie obligée de rebrousser chemin à Troppau, avec une perte de 700 hommes des nôtres tués, blessés ou pris prisonniers. Entre les derniers se trouve le brave général-major de Puttkammer. Je me suis vu obligé par là de lever le siège d'Olmütz, faute de munitions que nous n'avions plus95-2 suffisamment pour le continuer, et comme l'armée ennemie fit là-dessus un mouvement de son camp d'Ewanowitz95-3 vers Prerau, pour nous couper toute communication avec la Haute-Silésie, je suis entré avec mon corps d'armée, tout comme avec le corps des troupes sous les ordres du maréchal Keith, qui avait fait le siège, en Bohême par Trübau et Zwittau, d'où nous sommes passés ici sans la moindre perte de troupes, de tout le train d'artillerie et des bagages. Nous avons pris ici un magasin assez considérable en farines et en grains de l'ennemi, d'où la garnison ennemie s'est d'abord retirée à l'arrivée de mon avant-garde, après avoir mis le feu aux magasins de foin et de paille.
A présent, je marcherai droit vers Kœniggrætz, pour m'emparer de cette place et du magasin très considérable que l'ennemi y a assemblé déjà avant l'ouverture de la campagne, et après cela je recommencerai mes opérations selon les circonstances. Par la marche que je fais, je crois embarrasser extrêmement l'ennemi, surtout si le coup sur le magasin de Kœniggrætz me réussira à mon gré, et je serai plus à portée d'avoir la communication avec la Silésie et mes autres provinces, supposé que ma présence y sera nécessaire. Car je ne saurais dissimuler à Votre Altesse que, selon toutes les nouvelles qui me reviennent, les forces de Russie en Pologne pourraient bien avoir à présent l'intention sérieuse de pousser dans la Marche-Neuve et de percer entre la rivière de la Warthe et la ville de Glogau, dans la persuasion de ne pas trouver de l'opposition. Ce qui, cependant, m'embarrasse plus que tout cela, c'est que je me vois obligé, dans cette situation où j'aurai l'armée des Autrichiens devant moi et celle de Russie sur mes derrières, de rappeler de l'armée sous les ordres de Votre Altesse mes régiments de cavalerie et hussards qui y ont été joints jusqu'à présent.95-4 Votre Altesse en reconnaîtra la nécessité indispensable, et que je ne saurais presque plus me passer desdits régiments, si les Russiens entreprennent mes États ici. Mes vœux les plus sincères seraient que non seulement je saurais laisser ces troupes parmi les autres de Votre Altesse, mais que même je saurais Lui détacher le double et plus en nombre; mais des circonstances aussi gênantes que celles où je me trouverai, si les troupes de Russie entament mes provinces susdites, ne permettront<96> presque plus que je me passe de celles-ci, afin de pouvoir faire face à l'ennemi des deux côtés, [et] d'aller au plus pressé.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.
94-2 Ueber die Berichte des Prinzen Ferdinand aus dem Monat Juni siehe S. 54. Anm. 3. Die Berichte des Juli sind datirt am 6. aus „Hauss zum Dyck“ (südwestl. von Neuss), am 23. ans Bedburdyck (nordnordwestl. von Grevenbroich), am 30. aus „Chateau de Hellenrood près de Ruremonde“ .
94-3 Vergl. S. 69.
95-1 Vorlage (Déchiffré): „ayant“ .
95-2 In der Vorlage (Déchiffré): „plus en suffisamment“ ; eine Zeile weiter unten: „de leur camp“ .
95-3 Eywanowitz, West geg. Süd von Kojetein.
95-4 Vergl. Bd. XVI, 432.