10133. RELATION DE LA CAMPAGNE DE 1758.105-2
Après la prise de Schweidnitz, l'armée du Roi se retira de Landshut et se cantonna dans les environs de Frankenstein. Le lieutenantgénéral de Zieten couvrait la frontière de Landshut à Braunau et le lieutenant-général de Fouqué formait le cordon de la comté de Glatz. Pendant que l'ennemi prenait le change par ces dispositions, l'armée du Roi marcha à Neisse et de là en trois jours à Troppau. Le maréchal de Keith prit le chemin de Jaegerndorf. Ces deux colonnes débouchèrent le 3 de mai dans les plaines d'Olmütz, l'une par Sternberg et l'autre par Giebau. Le général Fouqué partit du comté de Glatz, sitôt qu'il remarqua que l'ennemi par ses mouvements dénotait la<106> marche qu'il méditait en Moravie. Ce général marcha à Neisse et convoya le canon et les munitions de guerre pour le siège d'Olmütz. Il arriva le 12 à Giebau,106-1 sans avoir été inquiété par l'ennemi.
Notre armée d'observation passa aussitôt la Morawa à Littau, où l'on fit quelques prisonniers sur l'ennemi. Le 12, le Roi s'avança vers Olschan et fit pousser un corps de cavalerie des ennemis qui s'y était posté, qui se retira au delà de Prossnitz.106-2 Le prince de Württemberg établit son camp auprès de cette ville, consistant en 4 régiments de dragons, un régiment de hussards et quelques bataillons d'infanterie. La tranchée devant Olmütz fut ouverte le 27 de mai du côté de Tobitschau,106-3 et l'autre côté de la rivière vers Dollein fut investi par un régiment de dragons, 2 bataillons d'infanterie et 500 hussards. Le Roi fit encore pousser la cavalerie autrichienne et saxonne sous les ordres du général de Ville jusqu'au delà de Wischau, et notre armée prit tous les postes convenables pour couvrir l'armée du siège du maréchal de Keith. En conséquence de quoi, le margrave Charles occupa le poste de Neustadt, le prince d'Anhalt celui de Littau, le général Wedell celui de Namiescht, et le Roi celui des hauteurs qui se trouvent entre Prossnitz et Olschan.106-4
Le 10 juin,106-5 le général de Puttkammer arriva, sans être inquiété, avec un convoi de la Silésie. Mais, comme ce convoi n'était pas suffisant pour achever le siège, l'on prit des arrangements pour qu'il fût succédé par un autre.
Cependant, l'avant-garde de l'ennemi était arrivée en Moravie. Le général Harsch prit son camp sur les hauteurs de Allerheiligen vis-à-vis de Littau. Le maréchal Daun arriva avec son armée à Gewitsch, et presque en même temps l'ennemi porta un corps de 4 à 6000 hommes à Prossnitz. Cette position obligea le maréchal de Keith à placer les dragons de Baireuth proche de Wisternitz, les compagnies franches à Bistrowan et Holian.106-6 L'ennemi méditait de jeter du secours dans la ville. Il attaqua la nuit du 8 de juin106-7 le bataillon franc et le força de se retirer. Le régiment de Baireuth, qui, pendant toute la nuit, avait été à cheval, crut, sans attendre le retour de ses patrouilles, pouvoir rentrer au camp. A peine furent-ils dans leurs tentes, que l'ennemi culbuta leur grande garde, entra dans leur camp, prit environ 300 hommes prisonniers, fit passer le renfort à Olmütz, et tout le régiment de Baireuth aurait été ruiné, si le bataillon de Nimschefsky ne fut arrivé à temps pour l'obliger à rebrousser chemin.106-8
Ce succès des Autrichiens leur fit prendre goût aux expéditions nocturnes. Ils attaquèrent trois fois le régiment de Zieten à Kosteletz<107> et furent repoussés toutes les fois avec perte.107-1 Les bataillons francs de Le Noble et Rapin ne furent pas aussi heureux. Ils étaient du corps du prince Charles et postés à Starnberg. Ils devaient marcher à Bæhrn pour couvrir le convoi qui arriva le 10, et furent assez maltraités par les pandours autrichiens,107-2 pour y perdre 3 petits canons et près de 400 hommes. Cependant, depuis le secours qui avait passé à Olmütz, et la position de l'ennemi à Prerau, il était absolument nécessaire de resserrer davantage Olmütz au delà de la Morawa. Le corps du margrave Charles y marcha107-3 et prit sa position, de sorte que sa droite tenait Chomotau et son pont sur la Morawa, et sa gauche s'appuyait au pont de Holitz.
Le . .,107-4 le maréchal Daun déboucha des montagnes avec son armée et prit le camp de Prcedlitz entre Wischau et Prossnitz. Nous n'entrerons point dans le détail des petites affaires qui se sont passées pendant cette campagne, parceque ce n'est point le journal des patrouilles de hussards, mais celui de l'armée que nous donnons au public.
Pendant ces entrefaites, le maréchal Daun avait eu nouvelle de la marche de notre convoi. Ce convoi était composé de beaucoup de munitions de guerre pour le siège, de l'argent pour les troupes et de quelques farines propres à l'usage du corps qui le couvrait. Ce corps consistait dans 8 bataillons et près de 4000 reconvalescents, tant cavalerie qu'infanterie, enrégimentés pour l'ordre de la marche. Le tout ensemble était parti le 25 de Troppau. M. de Daun jugea qu'il devoit profiter de cette occasion pour obliger les Prussiens, sans se commettre, à lever le siège d'Olmütz. Pour cet effet, il détacha le général Jahnus, qui se trouvait vers Müglitz, vers Bæhrn, et il fit partir un détachement de Prerau qui marcha par Stadt Liebe,107-5 pour que le convoi fût attaqué des deux côtés, et pour en imposer, il s'approcha de notre armée en appuyant sa droite du côté de Kojetein et sa gauche sur une colline qui était tout proche de Prcedlitz. Cependant, ce mouvement n'en imposa à personne, et, la sûreté du convoi faisant notre objet principal, le Roi y envoya le général de Zieten107-6 avec 3 bataillons, 2 régiments de cuirassiers et 900 hussards. Le 29, avant l'arrivée du général de Zieten, le convoi fut attaqué, mais l'ennemi, repoussé et battu, y perdit 3 canons et environ quelques cents hommes. Le 30, le convoi fut attaqué de nouveau entre Bautsch et Domstadt.107-7 A peine 400 chariots, 4 bataillons et environ 1000 hommes de la cavalerie eurent-ils ouvert la marche et passé les défilés de Domstadt, que l'ennemi se porta avec toutes ses forces et du côté de Bæhrn et de Domstadt sur le convoi. La tête était coupée, et quoique le général de Zieten ait<108> fait dans cette occasion tout ce que l'on peut attendre d'un bon général, il a été obligé d'abandonner ses chariots et de se retirer à Troppau. La tête du convoi arriva le 30 au soir à l'armée. L'ennemi a fait près de 600 hommes prisonniers, le général Puttkammer et quelques officiers, dont, sans doute, il aura imprimé les noms dans ses relations.
Ce malheureux évènement nous a obligés à lever le siège d'Olmütz. Si le convoi était arrivé, la ville n'aurait pu tenir tout au plus que 15 jours, malgré la belle défense de M. de Marschall.
Le 2 juillet, le Roi a pris avec toute son armée la route de la Bohême.108-1 Le maréchal de Keith a emporté toute son artillerie, à l'exception de 4 mortiers et d'un canon de 24 livres dont l'affût s'était cassé et qui était intransportable. Le Maréchal est marché sur Littau, de là sur Müglitz et Trübau. Le Roi a pris par Konitz et Trübau. L'avant-garde sous le prince Maurice s'est emparée à Leutomischl d'un dépôt de l'armée autrichienne consistant en farine et fourrages.108-2 Les sieurs Buccow et Laudon ont accompagné la marche de l'armée, sans cependant s'approcher de trop près de nos troupes.
Lorsque notre arrière-garde passa par les défilés de Kronau pour poursuivre sa marche vers Zwittau, le général Lacy, qui se trouvait à Giebau,108-3 en fut averti. Il fit occuper le village de Kronau par des grenadiers autrichiens; mais le régiment de Neuwied les en délogea bien vite,108-4 et la marche se continua sans autre inquiétude. De Zwittau l'armée marcha à Leutomischl où elle fit séjour, et de là elle passa Hohenmauth et gagna un défilé où elle se campa le 12.
Lorsque le général de Retzow se mit en marche vers les hauteurs de Holitz, il les trouva occupées par les ennemis.108-5 Il gagna une hauteur vis-à-vis d'une chapelle qui se trouve sur une colline proche du petit bourg de Holitz. Il conduisit le train d'artillerie et les munitions de bouche. L'ennemi se mit à canonner selon sa coutume, et, bientôt après, le général de Saint-Ignon avec un corps de cavalerie d'environ onze cents chevaux attaqua le régiment de cuirassiers de Bredow et le replia. Aussitôt d'autres troupes prirent les Autrichiens en flanc et les ramenèrent battant et éparpillés. Le maréchal Keith arriva justement, lorsque l'ennemi était en déroute. Il fit prendre l'infanterie qui se maintenait encore sur les hauteurs, à revers, et tout ce qu'il y avait d'Autrichiens s'enfuit dans les bois. Nous leurs avons fait 6 officiers et près de 300 hommes prisonniers.
Pendant que le Maréchal se trouvait occupé de cette marche, le Roi avait pris les devants de Leutomischl. Il était arrivé, le 11, auprès de Kœniggrætz.108-6 Le général Buccow y était avec environ 7000 hommes, tant derrière l'Elbe que dans le retranchement qui enveloppe la ville.<109> Dès que nos troupes furent arrivées, elles passèrent l'Adler pour attaquer le lendemain le retranchement, à l'exception de quelques bataillons qui se postèrent, du côté de Lhota, dans un faubourg de la ville, où l'on fit une batterie pour prendre l'ennemi à revers. En même temps, l'on voulut faire passer l'Elbe à un gros de cavalerie, mais les ponts que l'ennemi avait rompus, nous firent perdre cette journée, et les ponts ne furent en état de service que le 13 au matin. Pendant ce temps, M. de Buccow avait évacué le retranchement et îa ville, et s'était retiré du côté de Chlumetz. Nous sommes entrés dans ce poste109-1 que tant de camps autrichiens ont rendu célèbre dans cette guerre et dans la précédente. 109-2
Le même jour,109-3 le Roi, averti de ce qu'un corps autrichien s'était mis entre lui et Holitz, se mit en marche avec un corps pour prendre l'ennemi à revers; mais l'affaire étant déjà finie à notre avantage, nous avons été employés à assurer la marche du convoi. Toute notre artillerie qui a été employée au siège d'Olmütz, plus de 1500 malades et blessés de l'armée, tout notre train de munitions de guerre et de bouche est heureusement arrivé ici. Il est impossible de savoir d'avance de quel côté nous nous tournerons; mais ce que l'on peut assurer avec certitude, c'est que la campagne est bien éloignée d'être finie.
Nach der art das Ministerium am 15. Juli gesandten Abschrift. Die eigenhändige Niederschrift des Königs liegt nicht mehr vor.
105-2 Die Relation wurde am 15. Juli aus Königgrätz an die Markgräfin von Baireuth (vergl. Nr. 10131), an den Prinzen Heinrich und an den Minister Finckenstein gesandt. Eichel bemerkt in einem Begleitschreiben an Finckenstein vom 15. Juli: „Die Relation de la campagne ist nach aller Wahrheit und sonder etwas zu brodiren, vielmehr mit vieler Modestie abgefasset. Den Verfasser werden Ew. Excellenz aus dem Stilo erkennen; sonsten noch manches zugefüget werden können.“ Bereits am 11. Juli hatte Eichel den ersten Theil der Relation (bis „s'approcher de trop près de nos troupes“ S. 108) an Finckenstein übersandt. Dieser erste Theil erschien Donnerstag 20. Juli in den Berliner Zeitungen (Berlin. Nachrichten Nr. 86) und wurde am 18. an die preussischen Gesandten im Auslande verschickt. Eichel bezeichnet am 15. Juli die am 11. geschickte Relation als „incomplet und in einigen Datis unrichtig“ . Er sendet am 15. die ganze vervollständigte und berichtigte Relation. (Auch diese, die oben abgedruckte, enthält jedoch in den Daten sowohl wie in den sachlichen Angaben noch manche Ungenauigkeit). Sie ward am 22. an die Gesandten, an Prinz Ferdinand von Braunschweig und General Dohna verschickt. In den Berliner Zeitungen erschien der zweite, noch ungedruckte Theil als Fortsetzung des schon gedruckten am Sonnabend 22. Juli (Berlin. Nachrichten Nr. 87). In den Danziger „Beyträgen“ ist die ganze Relation gedruckt Bd. V, S. 115—122; aber noch mit den falschen Daten aus den Zeitungen. Diese sind (unten S. 106) 11. Juni statt 10. (auch letzteres noch nicht ganz richtig, siehe die Anm.); (S. 107) 20. statt 25.; (S. 107) 28. statt 29.; (S. 107) 29. statt 30.; (S. 108) 1. Juli statt 2. Juli. In der „Histoire de la guerre de VII ans“ , die sich auf die Relation stützt, sind die genannten Daten nach der obigen Relation geändert.
106-1 Vergl. jedoch S. 6. Anm. 1. and S. 14.
106-2 Vergl. S. 12.
106-3 So in der Vorlage und in den Drucken. Vermuthlich ein Versehen des Abschreibers für „Olschan“ , das vom Könige und den Secretären zumeist „Olitschau“ geschrieben wurde. Zur Sache vergl. S. 31. 34 und 35. Anm. 2.
106-4 Vorlage: Olitschau.
106-5 Vergl. jedoch S. 49. 51. 56.
106-6 So; statt „Hodolein“ . Beide Orte östl. von Olmütz.
106-7 So, statt 17. Juni, vergl. S. 68.
106-8 Vergl. S. 69—73.
107-1 Vergl. S. 61. 72.
107-2 Vergl. S. 56.
107-3 Vergl. S. 67. 69. 70.
107-4 Das Datum ist weder in den Handschriften, noch in den Drucken ausgefüllt. Daun bezog das Lager bei Prödlitz am 17. Juni. Vergl. S. 73. 74. und Danziger „Beyträge“ V, S. 74.
107-5 Liebau südöstl. von Domstädtl.
107-6 Vergl. S. 77. 79. 81. 82.
107-7 Domstädl, vergl. S. 85.
108-1 Vergl. S. 85. 86.
108-2 Vergl. S. 95.
108-3 Es giebt nur ein Giebau nordöstl. von Olmütz. Jedenfalls ein Versehen für Gewitsch. Nach den österreichischen Relationen stand Lacy bei Gewitsch.
108-4 Vergl. S. 99. 100.
108-5 Vergl. S. 101.
108-6 Vergl. S. 103. Anm. 2.
109-1 Königgrätz.
109-2 Vergl. Bd. IV, 194. 195; XIII, 452. 453. 454. 456; XIV, 355. 377. 399. 400. 401. 419. 440. 441; XVI, 407.
109-3 12. Juli. Vergl. S. 101.