10304. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

[Gross-Dobritz,] 10 [septembre 1758].

Ma très chère Sœur. Votre homme veut partir; je ne saurais ie congédier, sans lui donner encore cette lettre. Je l'ai questionné sur tout ce qu'il sait et ne sait pas. Il m'a dit qu'il ne vous a pas vue. Je vous supplie en grâce, si vous m'envoyez quelqu'un, qu'il vous voie, avant que de partir. Je croirai au moins retrouver dans ses yeux l'image de celle que mon cœur adore. Enfin, ma chère sœur, je commence à me flatter sur votre guérison, et cette idée met du moins un peu de baume dans mon sang; pour Dieu, ne démentez pas mes espérances! Ce serait un faux bond terrible, et ces sortes de rechutes dans les chagrins tuent.

J'irai demain dîner à Dresde chez mon frère Henri.

Je vous envoie, ma chère sœur, une sottise, qui m'a passé par la tête, pour vous amuser.224-5 Vous direz en la lisant: Eh! qu'il est foux!<225> Et je vous répondrai que, lorsque l'on n'est pas destiné dans le monde de devenir sage, que c'est peine perdue d'y prétendre, et que, depuis les sept Sages de la Grèce, il n'y en a plus eu.

Je vous embrasse mille fois, mon cœur et mon âme sont à Baireuth chez vous, et mon corps chétif végète ici sur les grands chemins et dans les camps. Voilà une chienne de vie; mais ce qui m'en console, c'est qu'elle tire à sa fin. Daignez rendre justice aux sentiments d'une tendresse inviolable que je vous ai vouée jusqu'au tombeau, étant, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



224-5 Der Herausgeber der Œuvres (Bd. 27. I. S. 320) nimmt an, dass die Epistel an Phyllis (Bd. XII, S. 84) hier an die Markgräfin übersandt sei. Aber der Charakter dieses Gedichtes lässt sich mit den obigen Worten des Königs nicht vereinen, auch ist die Epistel während des Feldzuges in Mähren geschrieben, wogegen die fragliche Dichtung oder Prosaschrift eine erst vor ganz kurzer Zeit entstandene scherzhafte Arbeit sein muss. Man könnte am ersten an die „Lettre de la marquise de Pompadour à la reine de Hongrie“ denken. Catt's Bemerkung auf einem Druckexemplar dieser Lettre „Au camp de Schœnfeld, septembre 1758“ (vergl. Œuvres Bd. 15, S. XV; vergl. auch Publik, a, d. Preuss. Staatsarchiven Bd. 22, S. 275) würde nicht dagegen sprechen, da der König sehr wohl zum mindesten einen ersten Entwurf der „Lettre“ einige Tage vor dem Beziehen des Schönfelder Lagers (13. Sept.) aufgesetzt haben kann.