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11004. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Reich-Hennersdorf, 30 mai 1759.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez faite du 24 de ce mois, et vous félicite de tout mon cœur sur l'entreprise que vous méditez, et que je trouve très bien pensée.1 La seule chose que je vous prie à ce sujet, est de ne pas oublier les canons;2 si j'ose ajouter encore une chose, c'est de reconnaître, s'il est possible, la position et le terrain où se trouve posté l'ennemi, avant que de l'attaquer.

Ici nous sommes au moment où l'ennemi va commencer d'agir; mais les choses à son égard ne sont pas encore assez éclairées, pour que je puisse vous détailler positivement ce que l'ennemi voudra entreprendre. Je suis préparé sur différents cas, mais il faut que j'attende que l'ennemi fasse plus de mouvements encore, pour connaître précisément ses vues. Ce qu'il y a de certain, c'est que mon frère le prince Henri a dérangé extrêmement le projet de campagne de Daun et des Français. Pour peu que la fortune prospère vos entreprises, je dois croire que tout ira bien; mais pour vous donner une idée [de] ce que c'est que l'artillerie présentement à la mode, imaginez-vous 536 pièces de canons de la grosse artillerie et des haubitz que j'ai effectivement dans mes trois armées; dans celle-ci où je suis vis-à-vis de Daun, j'en ai 214. Vous vous imaginerez que c'est trop, mais il faut savoir que, dans les armées de Daun vis-à-vis de moi, il y en a avec l'artillerie de réserve 360 pièces. Si cette mode durera encore quelques années, je crois qu'à la fin on fera marcher des détachements de 2000 hommes avec 6000 canons. Autant que cela est ridicule, il faut, malgré soi, s'accommoder à la mode, autrement il n'y a point de salut. En attendant, les choses en sont déjà allées si loin que l'ennemi n'est plus curieux de savoir combien j'ai de têtes parmi les troupes, mais plutôt combien j'ai de canons avec moi.

Federic.

Nach dem Concept.


11005. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Au quartier de Reich-Hennersdorf, 30 mai3 1759.

C'est avec toute la satisfaction imaginable que j'ai reçu votre lettre du 24 de ce mois,4 par laquelle j'ai vu le glorieux succès que vous avez eu dans votre dernière expédition. Je me réjouis beaucoup qu'elle a été si heureuse, et qu'elle s'est terminée d'une façon si avantageuse



1 Prinz Ferdinand berichtet, Hamm 24. Mai, er habe in Folge der Bewegungen des Feindes am Niederrhein alle Truppen in Westphalen einander sich nähern lassen, so dass sie mit zwei kleinen Märschen in Dortmund sich vereinigen könnten. „Je suis occupé à amasser du fourrage à Hamm; si j'y réussis de façon à ne perdre pas trop de temps, je compte de passer la Ruhr, si je vois moyen d'attaquer avec avantage le camp de Düsseldorf.“

2 Vergl. S. 181. 203. 222.

3 So in der Vorlage, im Concept; in der Ausfertigung; 29. mai.

4 Vergl. über den Bericht des Prinzen Nr. 11006.