<285> Ce que d'O m'écrit aujourd'hui,1 et ce qu'il vous aura sans doute communiqué, le confirme également. J'attire Seydlitz, Platen2 et Sydow à moi; pour vous, s'il arrive, comme il est apparent, que Daun me rende visite et que Beck et peut-être Laudon veuillent pénétrer par Friedland, je vous les abandonne. Il faut en ce cas que vous attirez Ramin3 à vous, et que, vous joignant avec Bülow,4 vous preniez ces gueux en flanc, en derrière et de toutes les façons pour les rejeter en Bohême. Cela fait, et de Ville et Harsch et Jahnus ne montreront pas la crête et s'enfuiront dans les monts sans coup férir. Je commence à me persuader que cela tournera ainsi.
Les Russes sont en mouvement, il n'est point saison de temporiser. Pour Daun, il faut qu'il donne le branle à la machine; ainsi, pour prendre la Silésie, il faut risquer quelque chose, tout l'indique. De Ville est obligé de détacher 4 régiments pour la Bohême, signe certain que c'est de ce côté-ci que l'on veut frapper le grand coup. A la bonne heure, j'en accepte l'augure. Dès que j'aurai des nouvelles, je vous les communiquerai et vous marquerai en même temps ce que j'en crois qu'il faudrait faire en pareil cas. Le détachement de Marklissa s'est replié sur la Bohême; ce n'ont été que 600 hommes.
Mon frère Henri est aujourd'hui à Zwickau; Schenckendorff a battu avec 3 bataillons 6 bataillons autrichiens, 400 croates et 900 hussards; Kleist a attaqué un corps qui poursuivait l'arrière-garde de mon frère, auprès de Hof, a pris 2 canons et 100 prisonniers à l'ennemi.5 Cette canaille n'est point invincible, pourvu que ce ne soient pas des coïons qui les attaquent, et qu'ils n'aient pas 600 canons en batterie.6
Adieu, mon cher, je vous embrasse.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kaiserl. Königl. Kriegsarchiv zu Wien. Eigenhändig.
11036. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Reich-Hennersdorf, 3 juin 1759.
Mon cher Frère. Je vous félicite et de votre entrée et de votre sortie de l'Empire. La fortune a favorisé partout vos bonnes dispositions, vous retournez en Saxe couvert de gloire; c'est un beau prélude, je souhaite que la pièce y réponde.
Ne vous impatientez pas de toutes les lettres que vous recevrez de moi; je vous écris tout ce qui est vraisemblable ou qui m'est confirmé de beaucoup d'endroits, mais vous saviez7 bien que dans une crise comme celle où je me trouve les nouvelles ne sont pas toujours certaines, qu'au contraire il y a bien des contradictions dans les rapports
1 Der König dankt d'O am 3. für die Mittheilungen vom 2. Juni und äussert: „Au cas que l'ennemi vienne, il ne me trouvera pas au dépourvu, et j'espère qu'il se brûlera les doigts.“
2 Vergl. S. 171.
3 Vergl. S. 218. 220.
4 Vergl. S. 259. 283. Anm. 4.
5 Vergl. Nr. 11036 mit Anm. 2. S. 286.
6 Vergl. S. 266.
7 So.