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11079. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Reich-Hennersdorf, 12 juin 1759.]1

Chiffre à mon frère Henri!

De cinq espions que j'ai dans l'armée de Daun, l'un est revenu hier. Il prétend qu'un détachement de 6 bataillons de pandours avec beaucoup de garçons boulangers était parti pour Prague.2 Un déserteur, venu le même jour de l'armée, assure que pas un chat n'est parti, mais qu'on a envoyé beaucoup de malades dans les hôpitaux de Prague, que mon espion a pris pour des régiments. En quoi ils conviennent tous deux, c'est que les Autrichiens ont fait, avec les propriétaires des champs, des marchés pour fourrager leurs moissons, ce qui n'indique pas des mouvements prompts de leur part. Si j'ajoute à tout ceci mes remarques particulières, savoir que Lacy3 n'a point été nous reconnaître encore, que leurs grenadiers sont auprès des régiments et non en corps, j'en dois conclure qu'ils ne veulent encore rien entreprendre.4

D'un autre côté, Fermor est avancé jusqu'à Konitz, et il prend le chemin de Posen, il fait amasser des magasins à Lissa et Fraustadt, de sorte que ceci paraît indiquer son projet sur la Silésie. S'il va de ce côté-là, Daun sera obligé ou de tenter quelque chose de ce côté-ci ou de marcher vers Bœhmisch-Friedland, vers Greifenberg, pour pouvoir dire au moins qu'il a voulu faciliter la manœuvre de Fermor en s'approchant de lui. Pourvu que les Russes ou les Autrichiens se commettent dans quelque entreprise offensive, il y aura dans peu quelque chose de décidé, et Fermor est bien loin de la timide circonspection de Daun, ce qui me fait croire que les Russes seront les premiers dont on pourra se défaire.

Comme je suis obligé de deviner les desseins des ennemis, il est facile que je me trompe; mais voilà à peu près ce que j'en pense jusqu'à présent; j'attends encore des yeux et des oreilles de retour de chez Daun, et dès que je saurai quelque chose de certain, je ne manquerai pas de vous le mander.

Federic.

Nach dem Concept. Eigenhändig.


11080. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.

[Reich-Hennersdorf,] 12 [juin 1759].

Je ne sais ce que feront tous nos ennemis, mais je commence à croire, mon cher, que nous en aurons encore pour trois semaines dans



1 Das Datum von Cöper zugesetzt.

2 Vergl. auch das Schreiben an Schmettau vom 11. Juni bei Preuss, a. a. O. Bd. II, S. 36.

3 Vergl. S. 278.

4 Ebenso äussert sich der König in den Weisungen auf dem Berichte des Generalmajors von Bülow, d. d. Bärsdorf 11. Juni. Auf dem Berichte vom 12. Juni finden sich die Weisungen: „Glaube, dass die Nachricht von dem Transport [nach] den sächsischen Grenzen sehr wahr ist . . . Laudon steht noch hier mit seinem Corps von der grossen Armee.“