<327> [vous] vous voyez actuellement, il n'y a d'autre résolution à prendre que celle que vous avez prise, toute autre étant si embarrassante que, si vous ne vous opposez pas au maréchal Contades, il ravagera toute la Hesse, le Hanovre et toute la Westphalie, Ainsi tout ce dont je saurais vous prier, c'est de ne pas oublier les canons1 et, d'ailleurs, de ne pas vous laisser attaquer de ces gens-là, ce qui serait dangereux, mais de les prévenir. Peut-être que Votre Altesse sera si heureuse que de les trouver au moment qu'ils seront en marche ou lorsqu'ils seront sur le point d'entrer dans leur camp, afin de les entamer, sans qu'ils gagnent le temps de s'y opposer. Alors vous les aurez [d']assez bon marché, au moins mieux que quand ils [y] auront été deux jours seulement; ou2 ils se seront fortifiés et auront fait plus de dispositions. Quant au reste, vous serez persuadé de la sincérité des vœux que je fais sans nombre pour vos heureux succès, et si je puis y contribuer en aucune façon, me voilà tout prêt à le faire.

Quant à ma situation ici, elle est à peu près la même comme je vous l'ai déjà marquée. Il a fallu que mon frère Henri détache contre les Russes à l'armée de Dohna; les Russes n'avancent que fort lentement, et autant que j'en comprends, Daun n'entreprendra rien, avant que Fermor ne soit plus près de lui. J'ai pris mes mesures en sorte que, si Daun veut entreprendre quelque chose contre nous, il trouvera son entreprise très difficile et périlleuse; le reste c'est au temps à le faire. Quoiqu'il ait, en tout compté, ici et en Haute-Silésie jusqu'à 103000 hommes, j'espère cependant de parvenir à lui faire regretter son entreprise, pourvu que la fortune ne nous soit pas tout-à-fait contraire.

Je crois, mon cher, que cette lettre arrivera après coup. Veuille le Ciel que vous puissiez confondre l'orgueil et l'audace de nos ennemis, et que je puisse, à mon tour, vous donner de bien bonnes nouvelles de ce qui arrivera dans ces contrées.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.


11098. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Reich-Hennersdorf,] 17 [juin 1759].3

Mon cher Frère. Je vois que vous chassez nos ennemis, comme le vent dissipe la poussière. J'en suis charmé, mais je voudrais que vous communiquiez votre beau secret au prince Ferdinand, qui, je crois, pourrait en avoir grand besoin à présent. Je reçois dans ce moment un courrier qu'il m'envoie. Les Français sont pénétrés dans le pays



1 Vergl. S. 181. 266.

2 Im Concept: ou, in der Ausfertigung: où.

3 Das in den Akten unter anderen undatirten Papieren aufgefundene Schreiben ist sicherlich in den Juni 1759 einzureihen.