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ne pas devoir vous dissimuler: c'est que mes lettres de Londres1 m'apprennent que le ministère anglais a été extrêmement inquiet sur les motifs qui vous ont déterminé à choisir la route que vous avez fait prendre à l'armée sous vos ordres, dont vous l'aviez laissé dans une parfaite ignorance. Il est vrai que mes lettres de plus fraîche date2 m'assurent que cette inquiétude du susdit ministère commençait à se dissiper, et la confiance qu'on avait placée dans votre sagesse et vos lumières, était si illimitée qu'on ne doutait nullement que les motifs qui vous avaient déterminé à cette opération, ne fussent compassés de manière qu'il n'en résultera aucun inconvénient pour les intérêts de la cause commune, mais qu'on continuait toujours à ignorer ces motifs. Comme Votre Altesse connaît trop bien, sans que j'ai besoin de L'amuser pour le Lui répéter, combien il importe, selon la forme de la constitution britannique, qu'on se conserve l'amitié et la confiance des ministres, qui en quelque façon sont obligés de rendre raison à la nation de ce qui arrive en évènements, je me flatte que vous voudrez prendre en bonne part, quand je m'ouvre confidemment à vous à ce sujet, et vous prie de ne pas vouloir mettre en oubli [en] ceci le susdit ministère, pour l'informer au moins de ce qu'on ne saurait pas leur cacher, sans les mécontenter.

Au reste, si je puis me fier à de bonnes lettres de Hollande,3 la supériorité des Français sous Contades n'est pas si grande à beaucoup près qu'ils s'en vantent, ce qui fait aussi qu'ils n'avancent qu'avec beaucoup de circonspection, et que d'Armentières4 ne fait guère de mouvements en avant.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.


11196. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Camp de Schmottseifen, 13 juillet 1759.

Les rapports que vous m'avez faits du 22, 26 et 29 du juin passé, m'ont été fidèlement rendus, et j'ai eu bien de la satisfaction au sujet de toutes les nouvelles qu'ils ont comprises, mais comme, dans la grande crise où sont actuellement les affaires touchant mes opérations militaires ici, où il faut que je m'attende de jour au lendemain que les choses viennent à quelque bataille décisive, il faut bien que je dirige mon attention principale sur celles-ci, de sorte que je ne saurais guère entrer dans quelques détails regardant la politique, il faut bien que j'abandonne tout ceci à votre prudence et fidélité reconnue, de sorte que vous y agirez conformément aux circonstances et au bien de mes intérêts, et que vous fassiez des compliments de ma part au sieur Pitt et aux autres



1 Bericht der preussischen Gesandten, London 26. Juni. Vergl. Nr. 11196.

2 Bericht, London 29. Juni.

3 Bericht Heilen's, Haag 3. Juli.

4 Der Marquis d'Armentières rückte mit seinem Corps gegen Münster.