11482. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
[Eckersdorf, près de] Sagan, 21 [septembre 1759]1
Chiffre!
Pour vous rendre compte de ce qui me regarde, vous saurez que je viens d'arriver ici, où nous avons pris tout plein de détachements ennemis commandés pour leur assembler du fourrage à Naumburg-au-Bober et Christianstadt; ils y sont encore aujourd'hui, et comme, par ma position, je leur ai déjà gagné une marche, je ferai demain séjour ici, ce qui aidera ma boulangerie à arriver à temps.2
Quant à ce qui vous regarde, il est sûr que vous avez fait ce que vous avez pu, et ce qui nous a fait le plus de tort, a été l'impossibilité de se donner réciproquement des nouvelles. Voici donc comme j'envisage tout ceci :
Ces gens veulent faire le siège de Glogau. Quoique je me trouve faible, j'espère de les en empêcher. Pour vous, je crois que vous devriez prendre une position vers le flanc de Daun, ou [à] Wittichenau3 ou vers Königsbrück, établir un pont auprès de Meissen : premièrement, pour être à portée de communiquer avec Finck; deuxièmement, pour vivre des magasins de Torgau que j'ai fait renforcer par ce que Wunsch a pris à Leipzig;4 troisièmement, pour avoir là-bas des fourrages à votre aise. Car si vous et moi nous devions vivre des magasins de la Silésie, je ne les crois pas suffisants à la longue.
Voici les raisons de guerre. Premièrement, si vous pouvez laisser à Fouqué 5 ou 6000 hommes, cela sera suffisant dans les commencements ou pour me renforcer et couvrir cette frontière dont vous avez ruiné les magasins;5 deuxièmement, vous couvrez Berlin, qui à présent, après ma marche de Silésie, est exposé aux incursions que Daun y peut faire; troisièmement, de là vous observez mieux Daun et pouvez sûrement lui faire intercepter tous les convois qu'il voudrait envoyer à ces gens-ci; quatrièmement, vous serez très bien en état, moyennant un bon poste, de vous soutenir de ces côtés contre Daun, jusqu'à ce que la campagne finisse ici. Je pense alors marcher par Spremberg ou Muskau, pour vous joindre et forcer Daun à quitter la Saxe, comme vous présumez très bien que cela doit arriver. De plus, si vous ne prenez pas une de cçs positions-là, Daun marchera sûrement à Torgau : et jugez des conséquences que cette marche et la prise de cette ville entraîneraient! Ainsi je crois, autant que j'en peux juger, que le plan que je vous propose, est le plus convenable aux circonstances présentes.
[Federic.]
Nach dem Concept. Eigenhändig.
1 Das Datum nach der Ausfertigung vervollständigt.
2 Weisungen auf den Berichten des Obersten von Kleist, Sorau 21. und 22. September, handeln über den Heranmarsch der von Kleist geleiteten Bagage des königlichen Corps.
3 Südl. von Hoyerswerda.
4 Vergl. S. 542.
5 Vergl. S. 544. 551.