11483. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
[Eckersdorf, près de Sagan,] 22 [septembre 1759].1
Chiffre!
Je reçois dans ce moment votre lettre d'hier du 21, et dans le labyrinthe où nous sommes, je ne vois d'autre parti à prendre que celui que vous dites, mon cher frère, savoir de fortifier Fouqué de 5 ou 6000 hommes et de vous mettre dans le camp que vous jugerez à propos, sur le flanc de Daun, et cela par toutes les raisons que je vous ai détaillées dans la lettre que le lieutenant Berg vous rendra.2 Si Daun veut marcher en Silésie avec toutes ses forces, vous pouvez toujours y revenir; mais s'il voulait entreprendre sur Berlin ou sur Torgau, il le pourrait, à moins que vous ne changiez votre position.
Les Russes et Autrichiens veulent faire le siège de Glogau, ils sont encore aujourd'hui à Naumburg. Je prendrai le camp de Neustädtel ou même celui de Beuthen, s'ils poussent sur Glogau; et malgré le mauvais état de mes gueux, j'aime mieux risquer d'être battu que de laisser assiéger une place qui donnerait pied à l'ennemi dans la province, et qui me jetterait pour l'hiver dans un cruel embarras.
Toutes nos affaires sont en l'air, il n'y a que des heureux hasards et les fautes de nos ennemis qui puissent nous sauver. Le corps que vous dites, qui a joint Daun, c'est Rudolph Palffy, avec un régiment de dragons, 2 hussards et 1000 pandours. Daun, avec tout ce qu'il a là-bas, n'a que 50 bataillons et 8 ou 10 régiments de cavalerie et dragons.
[Federic.]
Nach dem Concept. Eigenhändig.
11484. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Suckow,3 près de Neustädtel, 23 septembre 1759.
J'ai eu le plaisir de recevoir votre lettre du 22 de ce mois. Il faut que je vous dise, sans vous flatter, que j'ai trouvé tout son contenu admirable, et que je suis parfaitement d'accord là-dessus avec vous, ne vous restant d'autre parti à prendre que celui que vous proposez.4 Mais comme le général Fouqué vient d'arranger un détachement pour me joindre, je vous prie de lui envoyer 6 à 7000 hommes, moyennant quoi il pourra se soutenir; et au cas que Daun se repliât sur la Silésie, il faudrait sans doute que vous l'y suivissiez d'abord, et vous pourriez diriger pour lors votre marche sur Spremberg, pour me joindre par la principauté de Sagan. Le maréchal Daun a détaché encore de nouveau 5000 hommes qui sont marchés sur Muskau. Vous sentez bien
1 Das Datum von Cöper vervollständigt. Vom 22. September vergl. auch ein Schreiben an die Herzogin von Gotha, sowie ein Schreiben an Voltaire in den Œuvres, Bd. 18, S. 170 bezw. 23, S. 60. —
2 Nr. 11482.
3 Sückau, südöstl. von Neustädtel.
4 Vergl. den Bericht des Prinzen bei Schöning a. a. O. Bd. II, S. 160. 161.