11529. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
[Sophienthal, 11 octobre 1759.]
Chiffre à mon frère Henri!
Voici ce que m'apprennent des lettres interceptées de Dresde: Marschall doit être nommé gouverneur de la ville, les troupes des Cercles y sont en garnison. Il semble qu'on s'y prépare à un siège, mais, si vous pouvez vous pourvoir d'un nombre suffisant de mortiers, cela ne durera pas longtemps, et nous prendrons Dresde avant l'hiver.
On prétend que Daun veut encore faire un détachement pour la Silésie, et je commence à croire que la campagne durera dans cette province jusques à la fin du mois. Les troupes de Laudon périssent de misère et sont dans un délabrement affreux, elles n'ont point de pain.1 Tout est ici dans la même situation que je vous l'ai marqué.
Federic.2
Nach dem Concept. Eigenhändig.
11530. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Sophienthal, 11 octobre 1759.
J'ai bien reçu tout à l'heure votre lettre du 8 de ce mois. Daun se moque de nous : il n'a pas envie ni ordre de combattre, il n'a point une supériorité assez marquée, et que ce n'est pas son intention, c'est qu'il détache Hadik et les troupes de l'Empire. Il veut prendre Leipzig; c'est ce que vous ne devez pas souffrir, car les conséquences en seront que le Magdeburg en sera ravagé de nouveau.3
Il vous faut nécessairement un pont sur l'Elbe, alors vous aurez des fourrages4 en abondance du côté de Mühlberg. Il serait encore nécessaire que vous ayez, outre tout ceci, un œil sur la Lusace. Il y a des postes de hussards autrichiens qui rôdent aux environs de Luckau; si vous ne les en faites chasser, notre correspondance sera de nouveau interrompue.
Votre lettre me jette dans de grandes inquiétudes pour Leipzig. Si vous n'avez qu'un fossé qui vous sépare de Daun, si Daun détache une partie de son armée à Leipzig, profitez de ce moment de sa faiblesse et attaquez-le, si vous en trouvez l'occasion. Il ne faut jamais souffrir que l'ennemi exécute toutes ses volontés, en lui laissant prendre tous ses avantages : il n'est plus temps en suite d'y remédier.
Les Français veulent la paix à toute force, et les Anglais commencent à s'y entendre; il est donc question plus que jamais de nous soutenir et de gagner notre situation de l'année passée.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
1 Vergl. S. 571. 581. 586.
2 Auf dem Berichte des Generalmajors von Krockow, Lager bei Strehla 10. October, findet sich die Weisung zur Antwort: „Sein Regiment hätte sich schlecht gehalten bei Frankfurt und bei Meissen. Die Stabsofficiers müssten schlecht sein.“
3 Vergl. S. 440. Anm. 2 und S. 479. Anm. 3.
4 Vergl. Nr. 11527.