10746. AU SECRÉTAIRE BENOÎT A VARSOVIE.
Breslau, 28 février 1759.
J'ai bien reçu votre rapport du 21 de ce mois, et vous n'aurez qu'à continuer avec la même vigilance que vous l'avez fait jusqu'à présent, de m'avertir de tout ce qui parviendra à votre connaissance, et que vous jugerez pouvoir m'intéresser ou mériter d'ailleurs mon attention, et vous m'en ferez régulièrement vos rapports.
Federic.
P. S.
Selon les avis et les différents avertissements qui me sont entrés, les Russes ont pris soin d'amasser des magasins considérables tant à Posnanie qu'aux environs pour se mettre par là en état de faciliter et de soutenir des invasions qu'ils méditent de faire dans mes États; les Autrichiens en doivent faire autant du côté de Cracovie, sans doute dans la même intention. Il m'est douloureux de voir que, dans ces conjonctures, nonobstant mon amitié invariable pour la république de Pologne et les ménagements que je garde envers tous les Polonais au milieu des troubles présents de la guerre, plusieurs et même des plus<91> considérables entre eux aient marqué une si grande partialité en faveur de mes ennemis, au point de leur faciliter des amas de magasins propres à me nuire et à me faire la guerre avec autant plus d'aisance et de commodité.
Je me suis enfin vu nécessité par là de me servir contre pareils procédés des moyens approuvés et reconnus pour légitimes par tout droit en détachant mon général-major de Wobersnow avec un bon corps de troupes vers Posnanie,91-1 et en envoyant un autre détachement de mes troupes du côté de Cracovie,91-2 à la fin d'y détruire les arrangements de magasins en faveur de mes ennemis, pour empêcher ou du moins retarder de la sorte le mal qu'ils se proposent de me faire.
Mon intention est que vous en parliez dans ce sens aux bien intentionnés et à nos amis en Pologne, et que vous leur donniez, s'il le faut, les assurances les plus positives que ces démarches auxquelles je me voyais forcé malgré moi, ne renfermaient aucune vue, et que j'étais bien éloigné d'admettre la moindre hostilité contre la République et ses sujets, ni de leur apporter le moindre préjudice en quoi ce pût être; que je m'étais plutôt proposé et que mon intention invariable était de cultiver soigneusement l'amitié de la République; que ce que je me voyais obligé de faire, n'était que pour détruire des arrangements offensifs de mes ennemis et pour témoigner mon juste ressentiment envers quelques seigneurs polonais malintentionnés pour le bien public, qui avaient, pour ainsi dire, pris à tâche de ne point garder de mesure à témoigner publiquement et tout à découvert la forte passion et la partialité qu'ils ont arborées contre moi; qu'au reste il ne serait fait point de mal à aucun Polonais, et que mes troupes observeraient l'ordre et la discipline la plus sévère envers les sujets de la République.
Nach dem Concept.
91-1 Vergl. S. 93.
91-2 Vergl. S. 81.