11335. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.
12 [août 1759].
J'ai attaqué ce matin à 11 heures l'ennemi. Nous les avons poussés jusqu'au cimetière des juifs auprès de Francfort. Toutes mes troupes ont donné et ont fait des prodiges, mais ce cimetière nous a fait perdre un prodigieux monde. Nos gens se sont mis en confusion, je les ai ralliés trois fois, à la fin j'ai pensé être pris moi-même, et j'ai été obligé de céder le champ de bataille. Mon habit est criblé de coups, j'ai deux chevaux de tués, mon malheur est de vivre encore. Notre perte est très considérable : d'une armée de 48000 hommes je n'en ai pas 3000. Dans le moment que je parle, tout fuit, et je ne suis plus maître de mes gens. On fera bien à Berlin de penser à sa sûreté.
C'est un cruel revers, je n'y survivrai pas; les suites de l'affaire seront pires que l'affaire même. Je n'ai plus de ressource, et à ne point mentir, je crois tout perdu; je ne survivrai point à la perte de ma patrie.
Adieu pour jamais!
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
<482>