11404. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.516-2

Waldow, 5 septembre 1759.

J'ai reçu la lettre que Votre Altesse m'a écrite du 30 d'août dernier. Je vous avoue que, selon les premières nouvelles de votre expédition, je supposais que la déroute des Français était si grande<517> qu'ils ne se rallieraient que derrière le Main.517-1 Je conçois bien que vous devez ressentir quelque embarras dans la position où vous vous trouvez.

Répandez toujours le bruit d'une diversion en Saxe, jusqu'à ce que vous soyez en état de la pouvoir faire;517-2 4000 hommes suffiront, pourvu qu'ils se débitent bien forts. Les troupes de l'Empire ont amassé un magasin à Naumburg. Lorsque vous pourrez faire un détachement, faites-le de ce côté-là.

Wunsch est marché sur Dresde, il a repris Torgau et Wittenberg, et il tâchera, s'il peut, de dégager Schmettau qui est assiégé dans les formes. Les Russes sont marchés en Lusace à Lieberose, je suis venu les côtoyer de ce côté-ci, mon frère borde la Silésie, de sorte que toutes nos affaires se trouvent dans une grande crise; mais elles ne sont pas aussi désespérées qu'elles l'étaient, il y a quinze jours.

J'ai vu dans la gazette une lettre de Belle-Isle que je crois être de lui.517-3 Ses projets de faire un désert de l'Allemagne sont abominables; il faut espérer qu'ils n'y parviendront pas.

Il me vient une idée qui pourrait peut-être rejeter les Français derrière le Rhin; mais comme je ne connais point ce pays-là exactement et que je sais encore moins le détail des postes que l'ennemi occupe, je ne vous donne ceci qu'au hasard. Vous avez beaucoup de troupes légères, chasseurs et autres de cette espèce; ne pourriezvous pas les faire glisser aux environs de Francfort? pratiquer à force d'argent des intelligences dans cette ville et vous en emparer par surprise ou par trahison? J'avoue que ces sortes de plans dépendent plus de l'exécution que du dessein; mais comme les conséquences de cette entreprise vous seraient très avantageuses, je crois que cela vaut la peine d'y penser. En cas même que cela ne réussît pas, vous rendrez les Français attentifs sur leurs derrières, et vous les obligerez peut-être à détacher de ce côté-là, ce qui vous rendra les bras libres.

Si les Anglais veulent continuer cette guerre, il nous faut des alliés, ou à la fin nous serons tous accablés par le nombre supérieur.

Quand on devient vieux, mon cher, la Fortune nous abandonne, elle est comme les jeunes filles, qui ne prennent pour amants que ceux qui b ... le mieux.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.

<518>

516-2 Prinz Ferdinand befand sich nach seinen Berichten im Monat September am 8. und 9. in Ellenhausen, d. i. Ellershausen (südl. von Marburg), am 11. und 13. in Nieder-Weimar (südwestl. von Marburg), am 17. in Salzbudden, d. i. Salzböden, am 19., 23. und 26. in Kroffdorff (beide Orte nordöstl. von Wetzlar).

517-1 Der Prinz berichtet, Wetter 30. August: „Je suis ... en peine de voir que Votre Majesté me semble supposer les mains infiniment plus libres que je ne les ai en effet, pour agir d'abord.“ [Vergl. Nr. 11367. 11372. 11378.] Der König glaube, die französische Armee sei auf der Flucht: „Mais, Sire, cette armée n'a point perdu contenance, et elle se trouve depuis huit jours aux environs de Marburg, sans faire en aucune façon mine d'aller plus loin, et sans que je vois jour de l'y obliger.“

517-2 Vergl. S. 501. 502. 504.

517-3 Aufgefangener Brief von Belle-Isle an Contades, d.d. 23. Juli 1759, abgedruckt u. a. in den „Berlinischen Nachrichten“ von Dienstag 4. September 1759, Nr. 106.