11489. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.

Au camp de Baunau, 26 septembre 1759.

La journée d'hier a été critique, mon ami.

L'ennemi avait levé le 23 son camp de Freistadt et s'était avancé vers Neustädtel; je me mis en marche aussitôt pour me poster de façon à lui interdire les passages de Neustädtel et de Beuthen. Toute l'armée, s'entend 21000 hommes, ont été postés le même soir à 7 heures. L'ennemi effectivement s'était posté avec toutes ses forces vers le défilé de Rœhlau561-1 et de Keltsch; leurs cosaques et hussards au nombre de 3000 à Beuthen; le 25 au matin, toutes ces troupes étaient en mouvement. Les généraux viennent nous reconnaître, et apparemment que notre position leur parut trop avantageuse, ou qu'ils n'avaient pas envie de se casser la tête : nous les vîmes se retirer doucement et ils prirent leur camp à Alt-Tschau la gauche, la droite tirant vers Rœhlau. Hier au soir, on m'avertit qu'un gros de leurs troupes passait l'Oder; mais jusqu'à présent, on voit encore leurs feux. Aujourd'hui, la collecte de l'armée561-2 arrivera ici, et j'attends des nouvelles de l'ennemi pour me déterminer sur les moyens les plus efficaces et les moins hasardeux, pour obliger ces infâmes incendiaires à quitter le pays. Je soupçonne que leur dessein est d'éviter la bataille, ce qui doit s'éclaircir dans peu. Dans ce cas, il faudra faire une guerre de partis et cela des deux côtés<562> de l'Oder, et bien fortifier le camp pour faire ces détachements impunément et sans risque.

Voilà, mon cher ami, où nous en sommes. A présent que j'ai quelques bonnes troupes, je ne crains rien du tout. J'avais détaché pour la Saxe tout ce qu'il y avait de mieux dans mes troupes, la campagne allait finir à Guben, les Russes voulaient partir; ne voilà-t-il pas ce malheureux détachement de 10 régiments de l'armée de Daun qui arrive.562-1 Ajoutez-y quelques corruptions, et ces misérables se déterminent au siège de Glogau. Je crois que le projet en est manqué. Il n'est donc question à présent que de sauver le plat pays de la ruine dont il est menacé; hier ces canailles ont brûlé deux villages à nos yeux, sans qu'on le pût empêcher. Enfin, je ne négligerai rien, et vous pouvez compter que tout ce qui dépendra de moi, sera mis en usage pour finir et dépêcher ceci le plus tôt possible; mais cela n'est pas aussi facile qu'on le croirait.

Adieu, mon cher ami, je vous embrasse de tout mon cœur.

Federic.562-2

Nach der Ausfertigung im Kaiserl. Königl. Kriegsarchiv zu Wien. Eigenhändig.



561-1 Röhlau westl., Költsch nordwestl. von Beuthen.

561-2 Vergl. Nr. 11485.

562-1 Vergl. S. 554.

562-2 Ein nicht eigenhändiges Cabinetsschreiben an Fouqué vom 26. September enthält den Befehl: „Da Ich soupçonnire, dass, da Mein Bruder von Görlitz wegmarschiret ist, der General Beck der Orten und nach Zittau hinkommen möchte, so werdet Ihr Mir einen Gefallen erweisen, Mich von allem, so darunter zu Eurer Kenntniss gelangen wird, zu informiren.“