11524. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.

Sophienthal, 9 octobre585-3 1759.

Vous ne concevez pas, mon cher, la combinaison de ces affaires ici.585-4 Laudon ne peut passer l'Oder qu'à Ratibor ou à Oppeln; on dit que les croates assemblent des magasins de ce côté-là. Il faut détruire ces magasins ou les prendre à l'ennemi et faire ruiner le pont d'Oppeln et de Ratibor avant l'arrivée de Laudon. Il faut, de plus, chasser une troupe de gueux qui se donnent des airs de bloquer Cosel.

J'ai envoyé 5 escadrons de hussards à Breslau. Je leur ordonnerai d'aller à Lœwen; envoyez-y Werner incessamment avec 5 escadrons de son régiment. Instruisez-le des projets de l'ennemi et des miens sur la Haute-Silésie; peut-être qu'avec ces 10 escadrons il pourra remplir ces trois objets-là, de prendre les magasins, de rompre les ponts et de chasser l'ennemi de Cosel.

Quant à moi, je ne puis ni séparer mon armée ni faire des détachements, tant que les Russes et les Autrichiens sont joints ensemble. Ils campent entre Mechau et Grand-Osten, ayant la Bartsch devant eux. J'attends le moment de leur séparation. En peu de jours, les Russes seront obligés draller à Posnanie, et Laudon de gagner la Haute-Silésie; c'est alors que, détachant de l'infanterie pour Breslau, je les préviendrai toujours.

Mon détachement pour Landshut pourra y arriver en trois jours. Si avec ce corps vous marchez droit à Neisse et que vous vous joigniez à Neustadt avec les régiments que je destine pour la Haute-Silésie,585-5 vous serez toujours en état de harceler Laudon au passage de l'Oder<586> ou de donner dans son arrière-garde; et si Harsch détache vers la Haute-Silésie, il faut que Goltz détache en conséquence. Ainsi à mesure que l'ennemi se fortifie, vous vous fortifiez aussi.

Sachez qu'environ avec 2500 hussards, 3500 hommes de cavalerie j'ai fait tête pendant toute la campagne à 6 ou 7000 hommes de troupes légères, à 10 régiments de cavalerie autrichienne et à toute la cavalerie des Russes. Ainsi avec 20 escadrons de cavalerie et 2 bons régiments de hussards, vous pourrez faire tête également à la cavalerie de Laudon, dont 3 régiments sont totalement ruinés et les autres ont furieusement souffert. Il ne s'agit en suite que de prendre des terrains où la cavalerie n'ait pas beau jeu pour agir.

Laudon n'a que 8000 hommes d'infanterie; ses troupes se fondent tous les jours. Ils sont 5 à 6 jours sans pain, ils seront obligés de faire une terrible marche, qui leur coûtera 3000 hommes pour le moins de désertion. Ajoutez à cela que ces troupes ont pris la dyssenterie, que la faiblesse et la mauvaise nourriture obligeront Laudon de les ramener le plus vite qu'il pourra en Moravie.

Ainsi, loin de vous présenter de grandes difficultés, figurez-vous une nouvelle carrière de gloire qui s'ouvre pour vous.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kaiserl. Königl. Kriegsarchiv zu Wien.



585-3 Ein Schreiben vom 9. October an den Marquis d'Argens vergl. in den Œuvres, Bd. 19, S. 91. Ebenda S. 93 ein Schreiben an d'Argens aus dem October ohne Tagesdatum.

585-4 Fouqué bestätigt, Landshut 7. October, den Empfang des Schreibens vom 6. October (Nr. 11517), erhebt aber den Einwand, dass die für sein Corps bestimmte Kavallerie Laudon gegenüber nicht ausreichen würde, und bittet daher um Verstärkung durch Kavallerie. Eine besondere Gefahr für Oberschlesien sieht Fouqué in dem Fall, dass „Laudon sich der Gegend von Cosel setzte“ ' und zu gleicher Zeit Harsch über Weidenau und Zuckmantel einzudringen suchte.

585-5 Vergl. Nr. 11517.