11581. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.
Finckenstein schreibt, Magdeburg 9. November, auf Grund eines Berichts von Knyphausen, d. d. London 30. October: „Les ministres anglais ont fait inviter la veille ceux de Votre Majesté à une conférence extraordinaire pour leur notifier le parti qu'ils avaient pris d'exécuter, s'il était possible, avant l'assemblée du Parlement la démarche arrêtée entre les deux cours pour l'ouverture d'un congrès, et quoique le baron de Knyphausen ne s'explique qu'en termes généraux sur le motif du changement subit de leur façon de penser à cet égard, j'ai cependant lieu de croire qu'ils ont craint que la nation, enflée par les grands succès de ses armes, porterait ses prétentions trop haut et mettrait le ministère hors d'état de se prêter à aucune sorte de négociation en faveur de Votre Majesté, si l'on ne lui en montrait le chemin tout tracé, avant qu'elle pût commencer ses délibérations, au lieu que, la démarche étant une fois faite, le chevalier Pitt aura les mains d'autant plus libres pour la diriger à son gré et selon que les conjonctures l'exigeront.“
„Le baron de Knyphausen . . . marque qu'il avait cru d'autant moins se refuser aux pressantes instances du ministère britannique qu'il aurait été à craindre que cela n'altérât leurs bonnes dispositions pour les intérêts de Votre Majesté; que les changements proposés ne contenaient, d'ailleurs, rien qui fût essentiellement contraire à Ses vues, et que les ouvertures qu'on attendait de la part de la France, ne paraissaient plus si prochaines qu'il l'avait cru, . . . outre qu'il avait lieu de juger présentement . . . que ces ouvertures seraient plus favorables à l'électorat de Hanovre qu'à Votre Majesté.“
Elsterwerda, 12 novembre 1759.
J'ai reçu les deux rapports que vous m'avez faits du 5 et du 9 de ce mois avec la dépêche du sieur de Knyphausen du 26 octobre.
Quant au premier, il est sûr que les démarches de Soltykoff et les opérations de Daun ont été conduites comme si c'étaient des gens en<630>ivrés. Avec ce nombre d'ennemis que nous avons, ils ont fait les plus grandes fautes. Les Russes sont heureusement allé à Posen, d'où ils prennent le chemin de Thorn, et Laudon prend sa marche entre Varsovie et Cracovie, pour passer du côté de la Jablunka et retourner en Moravie. Il a été fort de 20000 hommes, en y comptant le dernier secours que Daun lui a envoyé. Ce corps est réduit à 14000 hommes, et vu la grande désertion qui règne, il sera bien heureux, s'il ramène 10000 dans les États de la Reine.
Pour ce qui regarde votre rapport du 9, voici la réponse que je vous fais, en conséquence de laquelle vous instruirez630-1 le sieur de Knyphausen, en donnant telle tournure à cette instruction que vous trouverez convenable. Quoi que Knyphausen dise, il est impossible d'approuver les démarches à contre-temps et le procédé des ministres anglais, en proposant un congrès, quand l'ennemi est sur le point de rechercher la paix; et quoi que Knyphausen dise, toute cette démarche soit l'effet des dissensions domestiques ou de malhabileté de savoir profiter de leurs avantages, nous avons le plus beau jeu du monde. Cette ligue, si redoutable à la liberté de l'Europe, est sur le point de se dissoudre.630-2 D'un côté, la France a fait des propositions de paix, et de l'autre la cour de Russie commence à parlementer. Pour moi, j'ai déjà fait faire des insinuations en France et lui ai fait entrevoir que la Russie était au point de s'accorder, et par le général Wylich j'ai fait faire des insinuations au général russe en conséquence de la copie ci-jointe,630-3 pour qu'il donne le réveillon à sa cour au sujet de la France. Ceci ne manquera pas d'augmenter la dissension entre les alliés. Peut-être que la crainte d'être prévenus les uns par les autres, leur fera faire des démarches précipitées qui nous feront obtenir des meilleures conditions. Il faut dire à Knyphausen que je me moque de l'amitié de l'Angleterre, si elle ne m'est point utile, et que ma situation n'est pas aussi désespérée qu'il s'imagine. 11 y a eu un moment critique terrible; mais nous sommes revenus sur l'eau, et nous nous trouvons à la fin de cette campagne dans une situation comme auparavant.
Je vous renvoie, au reste, à toutes les instructions que je vous ai données. Vous avez très bien fait de ne point écrire à M. Keith;630-4 la<631> commission dont Wylich est chargé, est une espèce d'ouverture qui peut donner lieu à une négociation; il faut voir comme elle prendra, et quand j'aurai réponse, on pourra se déterminer ultérieurement.
Tout ceci est également pour Knyphausen. Je suis arrivé ici; bien loin d'avoir recueilli toutes mes forces, je suis encore infirme, mais avec un peu de bonne volonté l'âme fait aller le corps, quelque cacochyme qu'il soit.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
630-1 Demzufolge Ministerialrescript an Knyphausen, d. d. Magdeburg 16. November.
630-2 Der englische Gesandte Mitchell berichtet am 16. aus dem Hauptquartier zu Krögis an den Minister Holdernesse: „In the conversation I had with the King of Prussia at Elsterwerda, the only material thing he said to me was that he wished after the great and glorious successes of the King's arms by sea and by land, there might not showed by his ministers too great a desire for peace, which was not the way to obtain a good one.“ Der König hat den Gesandten von der an General Wylich ertheilten Instruction in Kenntniss gesetzt. [Ausfertigung im Public Record Office zu London.]
630-3 Vergl. Nr. 11576.
630-4 Die englischen Minister wünschten, dass Graf Finckenstein an den englischen Gesandten Keith in Petersburg ein ostensibles Schreiben richte, um ihn zugleich im Namen der preussischen Regierung zur Mittheilung der Deklaration an den Petersburger Hof zu autorisiren.