<146> un million d'écus pour y réussir. Afin que cette lettre ne devienne trop ample, je fais joindre un extrait de celle qui est arrivée à ce sujet à mon frère le prince Henri,1 qui vous mettra au fait des personnages qui prétendent s'en mêler. Je n'en connais aucun que le sieur de Bielfeld, et j'ai hésité d'abord si je devais me servir des gens tout-à-fait inconnus de moi de personne et de caractère, et dont d'ailleurs j'ai cru entrevoir plus de bonne volonté que de politique dans les intentions de celui qui veut se charger de la négociation, parcequ'il croit beaucoup opérer par le Grand-Duc, ce qui me paraît être faux et qu'il n'y a que Pierre Schuwalow qui dispose de tout et que, si l'on peut acheter celui[-ci], tout le reste sera entraîné pour nous.

Cependant, en réfléchissant sur ma situation critique et accablante, j'ai cru ne devoir pas négliger aucun moyen qui se présente, pour en être soulagé, et voilà donc les mesures que j'ai prises pour tenter fortune encore de ce côté-là. Je ferai payer les 4000 ducats à l'homme en question, il aura son instruction de mon ministre comte Finckenstein2, qui seul est instruit de cette affaire, pour que le secret en soit d'autant mieux gardé; notre homme partira incessamment, et, quoique la somme d'un million d'écus me fasse de la peine dans ma situation présente, je la crois cependant bien employée, si l'homme en question parvient à réussir. Avec cela, je fais avertir M. de Keith en même temps par le sieur Mitchell de tout le projet,3 en le faisant requérir de vouloir bien avoir l'œil sur les manœuvres de cet homme-ci, pour que l'argent ne soit lâché qu'à propos et pour le bien des affaires; et, selon moi, il faudra qu'il se développe bientôt ce que l'on doit espérer ou non du succès de cette tentative. Vous en avertirez les ministres anglais pour autant que vous jugerez convenable de ce projet, après vous en avoir concerté préalablement avec M. Pitt, et vous le prierez de vouloir bien me garder un secret bien exact là-dessus.

Au reste, j'ai été très content de tout ce que vos dépêches au dessus accusées comprennent, et en particulier des bonnes intentions que les ministres anglais ont4 en toutes occasions, dont je suis très sensiblement touché et que vous, de votre part, tâcherez de cultiver avec soins et attention pour me les conserver.

Pour finir, il faut que je vous marque encore que j'ai presque entièrement formé de nouveau cette troupe que malheureusement le général Finck fit rendre prisonniers de guerre aux Autrichiens et qui y sont encore à présent, par la mauvaise foi qui chicane avec fort mauvaise grâce sur le cartel établi et observé autrefois entre nous, pour avoir lieu seulement de retenir encore la susdite troupe. Au surplus, je fais tous mes efforts possibles pour me mettre en bonne posture, en sorte que, malgré la supériorité en troupes des Autrichiens, je leur



1 Vergl. Nr. 11878.

2 Vergl. Nr. 11879.

3 Vergl. Nr. 11884.

4 So nach dem Déchiffré der Ausfertigung.